Locations illégales: «Airbnb s’en lave les mains», dénonce Plante
Un numéro de certification du gouvernement du Québec devrait être affiché devant les Airbnb. Cela permettrait de confirmer la légalité des locations, estime la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
«Il y a une impunité des locations illégales», a-t-elle déclaré lundi en point de presse, dans la foulée de l’incendie d’un immeuble de la place D’Youville jeudi dernier.
L’édifice aurait illégalement hébergé des locataires de courte durée, à la Airbnb, selon le Service de sécurité incendie de Montréal. «On ne serait pas dans la situation actuelle si on avait une entreprise qui prenait toutes ses responsabilités», a déploré la mairesse, sans vouloir faire de lien direct entre la location illégale et l’incendie.
Ce n’est pas normal qu’une entreprise, qui ne se préoccupe pas de la légitimité des gens qui font affaire avec elle, déverse la responsabilité sur les instances municipales et provinciales, que les contribuables payent.
Valérie Plante, mairesse de Montréal
La collaboration de l’entreprise faciliterait le travail des autorités municipales et provinciales pour limiter les locations illégales. «On veut qu’elle fasse partie de la solution», a souligné Mme Plante.
Par ailleurs, la mairesse a proposé au responsable régional d’Airbnb pour le nord-est des États-Unis et le Canada, Nathan Rotman, de le rencontrer pour discuter de l’incendie de la place D’Youville et de l’augmentation du nombre d’Airbnb illégaux dans le secteur.
Appliquer la règlementation, un «parcours du combattant»
Avec l’entrée en vigueur en septembre 2022 de la Loi sur l’hébergement touristique (LHT) du gouvernement du Québec, il existe maintenant une nouvelle catégorie d’usage touristique pour la location à court terme. La loi confie à Revenu Québec le pouvoir de vérifier la conformité légale des propriétaires de logement qui font de la location de type Airbnb.
La Ville de Montréal demande donc à Québec de nommer plus d’inspecteurs et de mettre en place de meilleurs mécanismes de contrôle pour faire face à la prolifération des locations illégales, a déclaré Valérie Plante.
Actuellement, agir contre les Airbnb illégaux est un «parcours du combattant», considérant «les pouvoirs limités» des municipalités, a déploré la mairesse. Les inspecteurs municipaux ne peuvent agir qu’à la réception d’une plainte concernant un logement en particulier, et ils doivent prendre les contrevenants sur le fait, explique-t-elle.
«Il faut faire confiance aux villes et aux arrondissements pour mettre en place des règlements qui correspondent à leur réalité», demande la mairesse sans remettre explicitement en question les dispositions de la LHT. Les villes, par leur règlement de zonage, peuvent déterminer des secteurs où c’est illégal de faire de la location à court terme. Or, la nouvelle loi provinciale empêche les municipalités qui n’avaient pas déjà une interdiction en place d’interdire la location à court terme sur l’ensemble de leur territoire.
La mairesse nie toutefois que Québec et Montréal se «renvoient la balle» au sujet du contrôle des Airbnb. Elle affirme être en communication avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, et la ministre du Logement, France-Élaine Duranceau, pour déterminer «urgemment» ce que la Ville peut faire de plus.
Montréal doit faire appliquer ses propres règlements, plaide l’opposition
«On ne peut pas continuer à lancer la balle au gouvernement du Québec», a lancé lundi matin en point de presse le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem, bien qu’il reconnaisse que le gouvernement provincial a une responsabilité.
C’est à Montréal de faire respecter les règlements de zonage, a plaidé l’élu de l’opposition. Notons que ces règlements tombent sous la juridiction des arrondissements, et non de la ville-centre.
C’est inacceptable. On est la deuxième plus grande métropole francophone du monde et on n’est même pas capable d’envoyer des inspecteurs pour faire respecter notre règlementation.
Aref Salem, chef d’Ensemble Montréal
Ensemble Montréal est également revenu à la charge en après-midi, lors du conseil municipal. «En pleine crise du logement, plus de 14 000 annonces se retrouvent sur le site Airbnb à Montréal, et plus de 95% sont illégales», a déploré la leader de l’opposition officielle, Chantal Rossi.
«Airbnb est malheureusement un vrai buffet ouvert, et la règlementation n’est pas appliquée, a-t-elle poursuivi. Une règlementation non appliquée ne sert à rien, sauf peut-être à se donner bonne conscience.»