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Les riches sont des nuisances, pas des bienfaiteurs, dit Dahlia Namian

L'essai «La société de provocation: Essai sur l'obscénité des riches» est paru chez Lux Éditeur le 3 mars 2023. Photo: Lux Éditeur

Les riches nuisent à tous et à tout et il faut cesser d’être obnubilés par eux pour comprendre les vraies inégalités, explique de manière ironique et percutante la sociologue Dahlia Namian dans son dernier essai, intitulé La société de provocation: essai sur l’obscénité des riches.

Son essai, paru chez Lux Éditeur en mars dernier, n’a pas pour objectif de proposer des solutions pour remédier aux inégalités de richesse. Plutôt, il cherche à illustrer les contradictions entre le discours et les actions des ultrariches (le 1%) qui se disent être «près de la classe moyenne», alors qu’ils s’en mettent plein les poches au détriment du reste (le 99%). Sur un ton d’indignation, Dahlia Namian explique que cette contradiction est en fait une provocation pure et simple avec laquelle il faut rompre.

«La guerre des petits pains»

Un des exemples utilisés est le secteur de l’alimentation au Canada et au Québec, là où la provocation des quatre géants de l’épicerie, soit Metro, Provigo, Loblaws et Maxi, est évidente. Elle raconte comment ces derniers, sous le couvert de la générosité, ont multiplié les dons aux banques alimentaires pendant la pandémie pendant qu’ils engrangeaient des profits records, notamment en retirant à leurs employés la prime de 2$ de l’heure offerte durant la pandémie. Ceci met en lumière la quête de profits de ces épiciers, priorisée avant le bien-être matériel de leurs employés payés au salaire minimum et qui ont à peine de quoi se payer une épicerie.

Elle note au passage l’ironie de voir la fortune personnelle du président de Loblaws, Galen Weston Jr., grimpé de 2 milliards de dollars pour atteindre 15 milliards durant la pandémie alors qu’il militait pour empêcher la hausse du salaire minimum à 15$ de l’heure. Cela est sans compter le fameux «cartel du pain» qu’il a instauré en augmentant illégalement le prix du pain, rendant l’épicerie plus dispendieuse pour ses employés et ses clients.

Parlant de pain, elle en rajoute en parlant du chef de l’Exposition universelle de 1967 (Expo 67), Philippe de Gaspé Beaubien II. Ce dernier soulignait que nous ne sommes pas «nés pour un petit pain» et que les Québécois doivent cesser d’être complexé par la réussite et l’argent. Dahlia Namian rappelle qu’il est l’héritier d’une des plus grandes fortunes du Québec, et que la modernisation de Montréal dans les années 1960 pour accueillir l’Expo 67 a entraîné la destruction de quartiers aujourd’hui disparus, tels que le Village-aux-Oies, un des plus vieux quartiers ouvriers montréalais, forçant tous ses habitants à se relocaliser. Comme quoi modernisation rime bien souvent avec destruction…

Avertissement

L’autrice nous met en garde des discours bienfaiteurs des Elon Musk et Jeff Bezos de ce monde et qui peuvent «cumuler des fortunes et des palais, puis se faire applaudir pour [leur] esprit philanthropique», pendant que des migrants périssent en Méditerranée à quelques vagues de leurs mégayachts.

Elle nous invite à toujours garder à l’esprit que le problème n’est pas les migrants, les réfugiés et les personnes pauvres, mais plutôt les ultrariches qui nous provoquent quotidiennement tout en prétendant offrir les meilleures solutions, comme coloniser Mars ou proposer des produits remplaçant nos repas pour augmenter notre productivité.

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