Un nouveau visage pour Griffintown
Longtemps abandonné, le quartier Griffintown de l’arrondissement du Sud-Ouest devrait dramatiquement changer de visage dès 2009 avec un projet immobilier de 1,3 G$. Notre journaliste Jennifer Guthrie et notre photographe Steeve Duguay sont allés se balader dans Griffintown, au sud du centre-ville de Montréal. Portrait d’un quartier abandonné, mais riche en histoire.
Le promoteur Devimco, à qui on doit le centre commercial Dix30 de Brossard, et la Ville de Montréal travaillent à revitaliser et redévelopper l’ancien quartier des Irlandais qui a été graduellement abandonné à partir des années 1960, lorsqu’il a été re-zoné industriel. Le projet, d’une valeur de 1,3 G$, sera entièrement financé par le privé. Il prévoit la construction de quelque 3 800 unités de logement et de nombreux commerces réunis dans 15 îlots dont les hauteurs varieraient entre 25 m et 80 m.
Bien que la plupart des intervenants dans le dossier croient que Griffintown a un urgent besoin de revitalisation, certains questionnent l’approche pressentie.
Métro s’est entretenu avec l’architecte, urbaniste et professeur titulaire à l’école d’architecture de l’Université de Montréal, Jean-Claude Marsan, avec le directeur des programmes d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, et avec la mairesse du Sud-Ouest, Jacqueline Montpetit, afin de faire le point sur l’un des plus importants projets immobiliers de Montréal.
Un processus de transformation questionné
Le directeur des programmes d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, et l’architecte et urbaniste Jean-Claude Marsan questionnent grandement la décision de la Ville de Montréal de ne pas faire appel à l’Office de consultation publique dans le dossier du projet Griffintown.
"C’est inacceptable que la Ville ne fasse pas appel à l’Office de consultation publique, a affirmé M. Marsan. C’est la mairesse de l’arrondissement qui sera présidente de la consultation. Elle sera donc juge et partie. On s’arrange pour encenser le promoteur."
"Le processus de consultation est peut-être la plus grande faiblesse du projet, a ajouté M. Bumbaru. Le processus est peu fiable. Pour discuter de la réparation de l’escalier situé sur la rue Peel à l’entrée du parc du Mont- Royal, on a fait appel à l’Office de consultation publique, à un commissaire indépendant et on a fait une consultation publique et sur internet. En bas de la côte, dans Griffintown, on a un projet de 1,3 G$ qui va changer la face du centre de la métropole et on a seulement des veillées de consultation comme dans le bon vieux temps!"
Grandes exigences
Dinu Bumbaru ne rejette pas le projet du groupe Devimco. Il croit toutefois que les exigences des personnes impliquées devront être à la hauteur. "C’est un grand défi de prendre un quartier plein d’histoire et de le transformer. Est-ce que le projet sera capable de relever ce défi? C’est ça, la question. C’est sûr qu’on pourrait laisser les choses traîner pendant encore un siècle ou deux, mais là, il y a une occasion qui se présente. Il faut voir comment on peut être exigeants."
Pour Jean-Claude Marsan, toutefois, le projet est à revoir en entier. "Le projet de Griffintown pourrait être intéressant si on accepte de changer le concept. Le problème fondamental actuellement, c’est que le concept de base est un concept de banlieue. Si on superpose ça à un milieu urbain, on perd notre temps." M. Marsan espère que la population se lèvera et osera demander que l’Office de consultation publique soit impliqué dans le processus. "Sinon, il sera trop tard", a-t-il dit.