Soutenez

Deux ans après, il rencontre les paramédics qui lui ont sauvé la vie

Martin Gignac lâchant un sourire à son fils Nicolas, qui est lui-même paramédic.
Martin Gignac lâchant un sourire à son fils Nicolas, qui est lui-même paramédic. Photo: Clément Bolano, Métro

«La vie tient à un fil, et il faut en profiter pleinement, maintenant», insiste Martin Gignac. Le 20 mai 2021, le «fil» était bien mince pour le Montréalais d’une cinquantaine d’années. Victime d’un infarctus, M. Gignac aurait pu mourir ce jour-là, mais le destin – ou plutôt la réactivité, le talent et le professionnalisme des paramédics – en ont décidé autrement.

Des retrouvailles émouvantes ont eu lieu dans les locaux saint-léonardois d’Urgences-santé, ce mercredi, entre Martin Gignac et l’équipe qui lui a sauvé la vie il y a exactement deux ans. Le quinquagénaire a pu revoir les visages qu’il avait depuis oubliés, choc oblige, ceux des ambulanciers-urgentistes Vanessy Pierre, Éric Laurin et Alexandre Beaudoin, ainsi que les répartiteurs médicaux Tabara Matteau-Bathily et Jessy Kluka.

Les larmes ont envahi les yeux de Martin à l’entrée dans la salle des techniciens ambulanciers. Vanessy, la première paramédic arrivée sur les lieux le jour de l’accident, s’est adressée à lui avec grande empathie.

Le 21 mai 2021 a profondément marqué la paramédic Vanessy Pierre, qui avec ses collègues a sauvé la vie de Martin Gignac ce jour-là. Photo: Clément Bolano, Métro Média

«C’est exceptionnel de vous revoir. Je me souviens encore être dans votre cuisine, en train de vous inciter à vous asseoir. Vous nous parliez de votre fils qui se lançait dans la carrière paramédicale. Nous nous sommes occupés de vous, mais votre cœur a décidé de dire stop. Puis nous vous avons ramené», a-t-elle résumé.

Des souvenirs marquants, qui avaient laissé peu de traces dans la mémoire de l’homme miraculé. «Je ne me souviens pas de vous. Je ne me souviens pas de vos visages.» «Normal», pour Vanessy. Le choc qui suit un infarctus n’est pas à minimiser.

Un sauvetage in extremis

L’accident s’est produit tôt le matin. Il est presque 6h quand Martin commence à s’inquiéter d’une douleur à l’épaule et au cœur. Il compose immédiatement le numéro d’urgence 911. «Parfois, un appel en apparence anodin cache quelque chose de plus grave», indique Jessy Kluka, l’un des répartiteurs médicaux qui ont répondu à son appel. Il avait vu juste.

Le Montréalais est encore conscient à l’arrivée des secours. Ce dernier se souvient qu’il souhaitait alors les aider dans leur travail et monter les escaliers par lui-même. «Nous avons cherché une chaise, et nous avons bien fait. Je n’aurais jamais imaginé que vous pourriez perdre votre père ce jour-là», relate Vanessy en jetant un regard vers Nicolas, le fils du quinquagénaire.

La bataille est pourtant loin d’être gagnée. La première défibrillation n’a pas fonctionné. La deuxième non plus, toujours pas de pouls. La quatrième est la bonne. «C’est la première fois de ma carrière où j’ai réussi à réanimer quelqu’un dans les escaliers», se souvient-elle.

Au centre, Martin et son fils Nicolas, entourés des équipes qui ont sauvé la vie du quinquagénaire. Photo: Clément Bolano, Métro Média.

«Il a été difficile de vous mettre dans l’ambulance, poursuit-elle, mais vous avez fait preuve de courage. Au retour à l’hôpital, votre respiration était normale. Cependant, cela a été un processus long. Nous avons dû vous administrer quatre chocs avec le défibrillateur. Nous avons senti votre pouls revenir. Nous avons commencé à vous ventiler. Félicitations.»

Une salve d’applaudissements a retenti comme une marque d’admiration pour l’abnégation du quinquagénaire et la gratitude envers les paramédics présents.

Paramédic: un métier pas assez valorisé

Le cœur de Martin Gignac bat aujourd’hui encore plus fort, épaulé par quelques stents. L’homme n’avait pas suffisamment de mots pour exprimer sa gratitude envers ces professionnels de la santé.

Un métier où il demeure cependant difficile de percevoir la frontière entre occupation et vocation. «Je me lève tous les matins pour cela. Je réalise que les gens ont besoin de moi», illustre Vanessy. Puis en se tournant vers Martin, elle ajoute: «Tout s’est aligné ce jour-là. Quelles sont les chances pour qu’une personne revienne?»

Le métier de paramédic n’est pas suffisamment reconnu, alors qu’il est tellement crucial pour la société. Vous êtes très importants dans ma vie, merci beaucoup.

Martin Gignac

Martin, quant à lui, se souvient de la période difficile qui a suivi l’accident. «J’ai passé trois mois sans pouvoir conduire. Marcher était un défi. Mon bras était engourdi et douloureux», se remémore l’homme.

L’évènement l’a amené à relativiser plusieurs choses. «Il faut profiter maintenant, car nous ne profitons pas assez», martèle-t-il. Il n’en fallait d’ailleurs pas plus à celui qui s’imaginait faire de la moto depuis ses 15 ans. Août 2021, quelques mois à peine après son infarctus, Martin obtenait son permis de conduire et réalisait un rêve d’ado.

Vanessy Pierre, Éric Laurin, Alexandre Beaudoin, Tabara Matteau-Bathily et Jessy Kluka ont aidé à en faire une réalité.

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.