La hausse des loyers pourrait atteindre 30% d’ici trois ans
Selon des données de Desjardins et de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), la hausse du loyer moyen s’élèvera à 10% cette année et pourrait atteindre 30% d’ici trois ans. Le loyer moyen a atteint un sommet en 2022 avec une hausse de 9% dans la grande région de Montréal.
C’est ce qui est prédit dans une étude dévoilée aujourd’hui par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) lors de la 17e édition de son Forum Habitation. On y apprend que le prix moyen des logements locatifs a bondi de 26,7% entre 2002 et 2012 avant d’augmenter de 44% au cours de la dernière décennie.
Selon l’étude, les difficultés d’accès à la propriété, le taux d’inoccupation «exceptionnellement bas», mais aussi la reprise de l’immigration au sortir de la pandémie ont catalysé l’accélération de la hausse des loyers.
Alors que la demande en logement locatif croît, les mises en chantier diminuent, ce qui augmente la rareté des logements et fait craindre une hausse de 30% des loyers dans les trois prochaines années. Dans son étude, la CCMM réitère une quinzaine de recommandations afin de faire construire davantage de logements et rétablir l’offre sur le marché.
«Nous prônons une densification intelligente, qui se bâtit autour des axes de transport en commun et qui libère des espaces au sol pour créer des milieux de vie agréables, explique la CCMM. C’est également en densifiant que nous pourrons atteindre nos cibles de réduction de notre empreinte carbone.»
Vers une «densification intelligente»
Le président-directeur général de la CCMM, Michel Leblanc, s’est voulu clair: «Il faut faire mieux et plus vite.» Pour «rétablir l’équilibre» entre l’offre et la demande, la CCMM propose une construction plus soutenue de logements afin d’atteindre 23 100 logements annuellement, et ce, jusqu’à 2041. Selon l’étude, si le statu quo est maintenu, ce ne seront que 13 900 nouveaux logements par année qui verront le jour.
«Si on tient la route année après année, on va rejoindre l’équilibre», a déclaré lors de l’événement Michel Leblanc, pour qui la solution passe par une «densification intelligente». Selon lui, 80% des nouveaux logements devraient être concentrés à l’intérieur des aires TOD (transit-oriented development), c’est-à-dire aux abords des pôles de transport collectif.
Dans son rapport, la CCMM appuie une densification à hauteur de 15 000 habitants par kilomètre carré. Pour ce faire, une des recommandations de la CCMM est de revoir la réglementation afin de fixer des seuils de densité minimaux dans les aires TOD.
«En plus d’une bonne localisation, la densification intelligente du territoire se caractérise par un aménagement soigné, qui favorise des milieux de vie attrayants, sécuritaires et pouvant offrir, à 15 minutes de marche ou de vélo, un accès aux principaux services et commerces nécessaires à la vie quotidienne, peut-on lire dans le rapport de la CCMM. C’est ce qu’on appelle la “ville du quart d’heure”.»
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) constate cette tendance à la hausse des loyers à Montréal. Pour sa porte-parole Véronique Laflamme, la solution à la crise du logement ne peut pas reposer sur la densification, mais bien sur un grand chantier sur le logement social.
«Densifier pour densifier, ça ne va pas régler le problème de l’abordabilité, dit-elle. C’est certain que la situation ne va pas se régler juste en augmentant l’offre, car si on a seulement des logements trop chers qui se construisent comme c’est le cas actuellement, on va contribuer à accélérer cette logique inflationniste et on va contribuer à augmenter cette inabordabilité-là.»
Selon elle, si un nombre significatif de logements hors marché n’est pas construit, la crise du logement perdurera.
«Si on n’investit pas dans le logement social, on va encore laisser en plan des ménages qui n’ont pas les moyens de se loger, que ce soit dans un tour ou un duplex, ajoute Véronique Laflamme. Ces gens-là n’ont pas de marge de manœuvre et on ne peut pas les abandonner. La seule façon de répondre à ces besoins-là, c’est que l’État prenne ses responsabilités en investissant suffisamment en logement social.»