Le taux directeur monte, qu’est-ce que ça change concrètement pour vous?
La hausse de 25 points du taux directeur annoncée aujourd’hui par la Banque du Canada vise simplement à rééquilibrer le taux d’inflation, mais ses effets se feront aussi sentir directement dans les poches de certains citoyens.
Les personnes qui seront le plus touchées à court terme sont les «emprunteurs» et les «épargneurs», selon le directeur et économiste principal du Mouvement Desjardins, Benoit Durocher. Le taux d’intérêt des montants empruntés augmentant selon le taux directeur, «toutes les personnes qui font appel au crédit sous toutes ses formes: prêt hypothécaire, prêt à la consommation, etc.» devront rembourser plus d’intérêts à la suite de la hausse du taux directeur.
Les «gagnants» dans la situation, ce sont «toutes les personnes qui font de l’épargne», affirme aussi M. Durocher. «Les taux sur les produits d’épargne augmentent» tout comme les taux sur les emprunts, rappelle l’économiste.
Des effets sur la crise du logement
Si les augmentations du taux directeur ont généralement pour effet de «refroidir» les acheteurs en immobilier qui préfèrent attendre des taux plus bas pour emprunter, la hausse actuelle de 25 points est peut-être trop mineure pour qu’un tel ralentissement se produise. «Le marché se réchauffe. Après la première hausse du taux, les acheteurs s’étaient réfugiés, mais là, la bouilloire explose donc les gens qui s’étaient retenus d’acheter achètent quand même. Vingt-cinq points, ça ne devrait pas trop impacter la tendance», croit le courtier en immobilier Marc Lefrançois.
À Montréal, où l’on trouve un marché plutôt locatif, il ne faudrait pas sous-estimer l’impact direct que la hausse peut avoir sur les locataires, particulièrement ceux qui louent un logement à des nouveaux propriétaires qui ont acheté alors que les taux étaient élevés. «C’est une chaîne. Si le taux augmente et que c’est plus cher, le propriétaire va tenter par tous les moyens de refiler la facture aux locataires, estime M. Lefrançois. La pression sur le marché va continuer.»
Un autre impact potentiel et indirect sur la situation du logement serait le ralentissement de la construction de logements locatifs, ce qui alimenterait la crise du logement. «La hausse des taux d’intérêt fait que ça devient plus coûteux de construire de nouveaux projets, donc il peut y avoir moins de constructions de logements locatifs. Ça réduit l’offre disponible, même s’il y a une grosse demande», croit l’économiste Benoit Durocher.
M. Durocher rappelle toutefois que l’effet maximal sur l’économie d’une hausse du taux directeur prend généralement «de 18 à 24 mois» avant d’être perceptible.