Tel-jeunes veut éradiquer la culture du viol dans le hockey
Tel-jeunes lance un projet pilote de restructuration des rapports entre les joueurs et les entraîneurs d’équipes de hockey, a appris Métro. Si le projet Brise-glace vise à normaliser la demande d’aide en santé mentale chez les jeunes garçons au Québec, le fait de s’attaquer d’abord aux équipes de hockey n’est pas un choix irréfléchi pour la directrice en innovation et développement de Tel-jeunes, Myriam Day Asselin. Elle qualifie «d’urgence» le combat contre la culture du viol qui gangrène les cercles masculins de ce sport.
En juillet 2022, peu après le dévoilement d’un enfouissement systémique des cas de violence sexuelle perpétué par Hockey Canada, des experts de tous horizons ont publié une lettre ouverte. Ils y affirmaient que la «violence sexuelle et la misogynie sont des problèmes enracinés dans le hockey masculin». La pression des pairs et une vision toxique de la masculinité portée par ceux qui sont en position de pouvoir est un problème culturel et systémique, estimait-on. La sensibilisation n’est pas suffisante.
C’est donc une solution structurelle que propose le projet Brise-glace, lequel vise notamment à «développer les compétences des entraîneurs à reconnaître les signes» de problématiques de santé mentale et à les «outiller» pour les rendre aptes à aider les jeunes. Une forme «d’aide informelle» que les jeunes préféreraient, selon ce qu’a appris Tel-jeunes par l’entremise «de focus groups avec des jeunes».
En ouvrant un dialogue sur la santé mentale au sein des équipes, ça aide à prévenir et à ce que les jeunes reconnaissent mieux les dynamiques et à créer des influences plus positives.
Myriam Day Asselin, directrice en innovation et développement de Tel-jeunes
Les jeunes garçons qui ont des problèmes de santé mentale auraient moins tendance à aller «vers les services d’aide». Insuffisamment outillés, ils subiraient plus facilement la «pression» de leurs pairs, selon Mme Asselin. Une culture toxique peut facilement germer dans un milieu où la pression est intense et qui rassemble beaucoup de jeunes garçons, comme une équipe de hockey.
Défaire les mythes, ouvrir le dialogue
Le terreau fertile pour le volet pilote du projet Brise-glace a été trouvé chez deux équipes du Collège Charles-Lemoyne, situé dans la ville de Sainte-Catherine, sur l’autre rive du fleuve par rapport à Verdun. Les élèves de troisième secondaire et les entraîneurs qui composent les équipes travailleront conjointement avec un chargé de projet de Tel-jeunes et son équipe pour «cocréer» le projet, qui en est encore à ses débuts. «On ne veut pas arriver avec des solutions toutes faites», explique Mme Asselin. D’ailleurs, pour que les solutions soient adaptées au milieu, le chargé de projet devra avoir «des compétences hybrides» en «santé mentale» et en «éducation physique», souligne la directrice en innovation et développement de Tel-jeunes.
Si la forme précise du projet en construction n’est pas encore déterminée, «défaire les mythes sur la santé mentale» et «ouvrir le dialogue sur la santé mentale dans les équipes sportives» sont les mots d’ordre. Pour y parvenir, le rôle d’entraîneur est essentiel. «Les coachs sont des “adultes significatifs” pour les jeunes», révèle Mme Asselin. En d’autres mots, ils sont perçus comme pouvant faire preuve de compréhension, sont valorisés et ont une grande influence chez les jeunes. Ceux-ci devront donc «envoyer un message positif» aux joueurs par rapport à la normalité des problèmes de santé mentale.
Le projet pilote se déroulera tout au long de la prochaine année scolaire et servira à récolter des données et à développer le projet. Une fois la partie pilote du projet terminée, le projet Brise-glace prendra son envol au sein d’autres équipes sportives du Québec de manière à transformer le rapport entre les jeunes garçons et la santé mentale. «On souhaiterait que le projet soit disponible pour toutes les équipes», affirme Mme Asselin.