Les juristes de la Ville de Montréal prêts pour la grève générale illimitée
Les juristes à l’emploi de la Ville de Montréal font la grève mardi pour inciter les autorités municipales à négocier le renouvèlement de leur contrat de travail, échu depuis le 31 décembre 2011. Si la Ville ne répond pas l’appel, les 132 avocats et notaires municipaux sont prêts à déclencher une grève générale illimitée.
«Notre objectif, ce n’est pas de paralyser la Ville de Montréal et encore moins de brimer les citoyens, a indiqué la procureur et porte-parole des juristes de la Ville de Montréal, Me Mylène Bergeron. On veut juste être entendu et être respecté par la Ville.»
«[La grève générale illimité] est très très envisageable, a-t-elle ajouté. On essaie une journée de grève en espérant que ce sera suffisant, mais le mandat de grève était clair et il a été voté à l’unanimité. Ça peut aller jusqu’à la grève générale illimité déclenchée à un moment jugé opportun.»
Un comité de grève du Syndicat des employés professionnels et de bureau-Québec réfléchit présentement à «ce moment opportun», qui pourrait avoir lieu dans les prochaines semaines ou en septembre.
Les juristes de la Ville de Montréal sont entre autres responsables de donner des avis juridiques aux élus municipaux afin de les aider à prendre des bonnes décisions. Ils plaident également devant la cour municipale.
Pendant la journée de grève, seules les causes concernant des personnes détenues sont entendues, comme l’a demandé le Conseil des services essentiels.
Pour le directeur principal du Service du capital humain de la Ville de Montréal, Jean-Yves Hinse, les impacts de la grève d’une journée des juristes sont minimes. «Ceux qui devaient se présenter à la cour pour contester leur constat de vitesse ou de stationnement devront revenir plus tard», a-t-il dit.
Pour ce qui est des avis juridiques qui sont remis aux élus, les réunions du comité exécutif font présentement relâche pendant trois semaines. «De toute façon, les avis juridiques sont faits sur une longue période et ils sont toujours signés par la Direction des affaires juridiques», a précisé M. Hinse.
«Ce n’est pas pour rien qu’on a choisi une journée de la saison estivale, a mentionné pour sa part, Me Mylène Bergeron. Il y a moins de dossiers et il y a moins d’effet sur la population. Notre intention, ce n’est pas de nuire aux citoyens, c’est d’être entendu par le Ville.»
Les discussions pour convenir d’un nouveau contrat de travail ont commencé en novembre 2012. D’après Me Bergeron, une série de rencontres ont été fixées, mais plusieurs ont été annulées par le Ville. «On tourne en rond depuis novembre, a-t-elle dit. On est bien ouvert à s’asseoir avec la Ville, mais on attend des retours de la Ville sur la majorité des points qui ont été présentés dans nos demandes. Elle ne nous revient pas et quand elle doit nous revenir, elle annule la rencontre.»
La Ville a réfuté ces accusations. Elle s’est dite prête à négocier à tout moment.
Les points en litige concernent particulièrement la rémunération. Les juristes de la Ville de Montréal réclament la parité avec leurs collègues à l’emploi du gouvernement du Québec puisqu’il existe un écart salarial de 17% entre les avocats municipaux et provinciaux.
Jean-Yves Hinse croit de son côté que la rémunération globale est similaire. «La distinction, c’est qu’on ne met pas l’argent au même endroit», a-t-il fait savoir. Pour les juristes de Montréal, le salaire au plus haut de l’échelle s’élève à 104 000$ pour une semaine de 35 heures alors que celui des juristes provinciaux atteint en moyenne 119 000$ pour une semaine de 37 heures. La Ville de Montréal offre aussi davantage de congés payés, des assurances collectives et un régime de retraite plus généreux.
«Nos salaires sont compétitifs, a assuré M. Hinse. Nous n’avons pas de problème à recruter des gens.»
Les juristes veulent aussi que leurs heures supplémentaires soient compensées. «La direction nous donne un certain lot de dossiers à faire, mais sans tenir compte des heures qui doivent être misent pour être bien préparé et bien faire le travail, a expliqué la porte-parole des juristes de Montréal. Ce que la direction nous dit c’est que «ces heures supplémentaires] ne sont pas requises. Elle ne nous a jamais demandé de rester plus tard. Selon elle, si on fait ces heures, c’est parce qu’on veut bien les faire.»
«Quand je rencontre des gens qui doivent se présenter dans une salle de cour et qu’ils me racontent l’histoire de vie, je ne peux pas me permettre de leur dire que je n’ai pas lu votre dossier parce qu’il était 16h30 et que je devais quitter, a renchéri Me Mylène Bergeron. On doit des professionnels. On a des avocats et des notaires. On a un Code de déontologie. On doit mettre les heures nécessaires.»
La Ville de Montréal a indiqué vouloir exercer un certain contrôle sur les heures supplémentaires. «On ne veut pas que les gens décident du temps supplémentaire, a expliqué le directeur principal du Service du capital humain. C’est la personne qui organise son temps jusqu’à 35 heures par semaine. Si la personne n’y arrive pas, elle doit en parler à son supérieur immédiat. On demande aux gens de livrer la marchandise sur une période de 35 heures.»
Les juristes montréalais aimeraient également qu’au moins neuf postes permanents soient créés. Actuellement, 40% d’entre eux occupent des postes temporaires.
«C’est avant tout une question d’organisation. On y va selon les besoins», a répliqué Jean-Yves Hinse. Selon lui, c’est la Direction générale et les Services juridiques qui doivent statuer des besoins de la Ville.
Le directeur principal du capital humain à la Ville de Montréal s’est dit confiant de parvenir à une entente avec les juristes municipaux. «Ce n’est pas un dossier complexe. S’il y a une volonté réelle de régler, ce ne sera pas très long. Si on a été capable de faire une entente historique à long terme avec les cols bleus, on va être capable de régler avec les juristes», a-t-il dit.