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La lutte au profilage racial, une question de paix sociale

Plus de 90 recommandations pour lutter contre le profilage racial ont été présentées mercredi. Elles touchent à la sécurité publique, le milieu scolaire et la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

«Il y a urgence d’agir contre le profilage racial, il en va de la paix sociale au Québec», selon Gaétan Cousineau, président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse qui présentait les 93 recommandations pour contrer le phénomène.

Le document de 126 pages intitulé «Profilage racial et discrimination systémique des jeunes racisés» s’attaque au phénomène dans les sphères de la sécurité publique, l’éducation et la protection de la jeunesse.

Par exemple, dans certains quartiers, un Noir a trois fois plus de chances d’être interpellé par la police qu’un Blanc. La Commission fait 40 recommandations à la police, notamment que le profilage racial soit intégré dans le code de déontologie, qu’il soit mesuré, rendu public et qu’une entité indépendante soit chargée d’enquêter en cas de décès ou de blessure grave impliquant un policier. Actuellement c’est un autre service de police qui mène l’enquête dans ce genre de situation.

Dans le milieu de l’éducation, les Antillais sont surreprésentés dans les classes spéciales pour élèves à risques. Le rapport suggère notamment la mise en place d’une formation à l’antiracisme à tout le personnel et que le soutien linguistique aux élèves issus des communautés soit renforcé.

Ce même genre de formation est suggéré au sein de la DPJ (direction de la protection de la jeunesse) de même que l’établissement de partenariat avec les groupes communautaires sur le terrain. Selon une étude, les critères de signalement et de placement en famille d’accueil de la DPJ occasionneraient une surreprésentation des Noirs.

«Des préjugés tout le monde en a. Mais quand on est dans une situation d’autorité, c’est là qu’il faut être aux aguets, car les conséquences du profilage racial peuvent entraîner une perte de confiance des communautés dans la justice et dans la société québécoise», a conclut M. Cousineau. Il demande à Québec d’inclure la lutte profilage racial dans la Charte des droits et liberté et de mettre en place un plan d’action.

 Réactions au SPVM et à l’Hôtel de ville

S’il endosse les recommandations du rapport sur le profilage racial, présenté hier, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) n’envisage toutefois pas de publier ses statistiques sur la origine ethnique des personnes interpellées. «Nos partenaires communautaires habituels sont réticents, le cadre légal ne s’y prête pas et cela pourrait renforcer l’impression de profilage», a répondu le chef, Marc Parent.

Si le SPVM a revu les pratiques de son escouade anti gangs et formé 5000 de ses employés sur la question du profilage, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (la CDPDJ) pense qu’il reste du chemin à faire. «Être en groupe de deux ou trois, si vous êtes noir, on va vous suspecter d’appartenir à un gang», illustre Paul Eid qui a participé à l’écriture du rapport sur le profilage racial, présenté hier.

Plusieurs cas de profilage concernant le SPVM sont toujours devant le Tribunal des droits de la personne. Le procureur du SPVM fait de l’obstruction judiciaire aux frais des contribuables, d’après Réal Ménard, porte parole de l’opposition en matière de sécurité. Il demande que Me Pierre-Yves Boisvert soit retiré du dossier. Une option que ne veut pas suivre M. Parent.

«La Ville prépare un plan d’action contre le profilage racial et la discrimination qui sera présenté à l’automne», a aussi dévoilé, hier, Jocelyn Ann Campbell, responsable du développement social et communautaire à la Ville.

Selon elle, le cÅ“ur du problème se situe au niveau de la pauvreté et passe donc par l’emploi. Mais d’après Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, la Ville n’a pas de crédibilité en ce domaine : «En 2006, sur ses 30 000 employés, le ville n’embauchait que 11 % de personnes issues des minorités visibles. Cinq ans plus tard rien n’a changé».

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