À qui allez-vous donner?
La noirceur du mois de novembre, le froid qui s’installe et les décorations des fêtes ont ceci de positif : nous devenons plus généreux! L’esprit de Noël y est sans doute pour quelque chose. Quoi qu’il en soit, nous sommes dans la période la plus lucrative de l’année pour les organismes charitables. Et vous, à qui allez-vous donner cette année?
Comme directeur général, je participe au recrutement des employés. La question que je pose systématiquement aux candidats est la suivante : Si vous aviez 1 000 $ pour faire des dons cette année et que vous ne désiriez donner qu’à 3 ou 4 causes, quelles seraient-elles? La réponse de tous les candidats est presque toujours celle-ci : une cause reliée à une maladie (ex. le cancer du sein), une cause reliée aux enfants (ex. la Fondation du Dr Julien), Centraide et (ah oui, s’exclament-ils généralement, puisqu’ils viennent de comprendre le pourquoi de ma question) Équiterre…
Ces candidats sont pourtant d’emblée très sensibilisés aux valeurs que nous portons. Ils ont toutefois les mêmes réflexes de dons que la population. Quand la firme de sondage Léger demande à quel type d’organisme il est prioritaire de donner, voici comment répondent les Québécois :
- Santé, 58 %
- Enfance et jeunesse, 42 %
- Pauvreté, 38 %
- Hôpitaux, 33 %
- Etc.
L’environnement arrive loin derrière ces causes avec seulement 9 %. Selon Statistiques Canada, la réalité est pire puisque seulement 2 % des dons déclarés au Canada ont été destinés à des groupes environnementaux. La part de lion de cette somme est consacrée à des groupes de conservation, par exemple ceux qui font l’acquisition de milieux naturels à haute valeur écologique, une niche du mouvement écologiste qui nécessite, évidemment, beaucoup d’argent.
Les groupes qui font de la sensibilisation ou ceux qui interviennent sur les grands enjeux comme celui des changements climatiques survivent avec des miettes (comparativement aux autres secteurs philanthropiques).
À l’autre bout du continuum, il y a le secteur de la santé, un géant de la collecte de fonds. La campagne du nouveau CHUM, par exemple, a un objectif de 300 M$. Celle de l’hôpital Sainte-Justine pilote une campagne de 150 M$.
Ils cherchent beaucoup d’argent et donc, ils en investissement beaucoup pour vous convaincre de leur en donner. Avec les fondations du cancer de ce monde, il n’est pas surprenant que dès que l’on pense au don, on pense à la santé.
Pourtant, n’est-il pas étrange que nos dons soient concentrés dans ce secteur qui est déjà très, très riche? Et n’est-il pas étrange de donner à des organisations parapubliques que sont les hôpitaux, par exemple?
Feriez-vous un don au gouvernement? Bien sûr que non, me direz-vous, je contribue déjà avec mes taxes, impôts, redevances et frais d’utilisateurs. Alors pourquoi donner à un centre hospitalier qui n’est qu’une prolongation du gouvernement? Si on souhaite que notre hôpital se dote du plus récent équipement médical, ne serait-il pas plus efficace (et démocratique) d’écrire à notre député plutôt que de faire un don de 20 $?
Ce que je peux vous garantir, c’est que le secteur de la santé ne manque pas d’argent. À lui seul, le gouvernement du Québec y a consacré 31 G$ annuellement (comparativement à 200 M$ pour l’environnement).
Si vous voulez faire une différence, donnez vos précieux dollars à des groupes qui œuvrent dans des secteurs moins populaires : la défense des droits de la personne, l’environnement et la pauvreté dans le Tiers Monde. Aussi, prenez quelques minutes pour visiter le site web du groupe qui vous intéresse et privilégiez des groupes qui ont des approches innovantes qui répondent à vos valeurs personnelles.
On prend le temps de magasiner des cadeaux de Noël, pourquoi ne prendrait-on pas le temps, cette année, de bien choisir les dons que nous ferons?
Pour connaître certains groupes innovants qui méritent votre appui, visitez le site web d’Ashoka-Canada : http://canada.ashoka.org/fr/fr/fellows-map (en anglais seulement).