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Montréal songe à tolérer les salons de massage érotique

Photo: Yves Provencher/Métro

L’administration Coderre songe sérieusement à revoir sa stratégie contre les salons de massage érotique, plutôt que de les éradiquer, l’objectif sera de mieux les encadrer.

«À force de faire le tour du milieu, je ne crois plus que de fermer tous ces salons soit la meilleure solution», a affirmé mercredi à Métro Anie Samson, responsable de la sécurité publique à la Ville. Mme Samson, qui se dit particulièrement inquiète du sort des femmes exploitées par cette industrie, estime qu’il est préférable de légiférer que de les laisser dans la clandestinité.

«Je songe à imposer un contrôle identitaire de toutes les travailleuses par la police, par exemple, et permettre que des agents surveillent régulièrement les lieux pour que tout se déroule correctement», a-t-elle dit. De telles stratégies permettraient à son avis «d’éviter la traite des femmes».

Mme Samson prévoit aussi la création de deux types de permis, un pour les salons de massothérapie et un pour les salons de massage érotique, qui indiqueraient clairement qu’il s’agit de commerces à caractère sexuel. «Le problème, c’est que le seul endroit en ville qui permet ce type de commerce c’est le centre-ville», dit-elle, ajoutant qu’il ne semble pas intéressant de concentrer tous les salons de massage érotique dans une seule zone.

Il y a donc encore beaucoup de réflexions à avoir pour déterminer le meilleur plan d’attaque et aucune décision finale n’a encore été prise, prévient-elle, «je dois discuter et faire valider ces scénarios auprès de la police, de la cour municipale et de tous les maires d’arrondissement, etc.»

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Maria Mourani se dit déçue
La députée fédérale d’Ahuntsic, Maria Mourani, se désole de ce changement de ton. «La seule façon de lutter contre l’exploitation sexuelle, c’est d’éradiquer tous ces bordels contemporains», tranche la criminologue de formation, qui était à l’UQAM mercredi à l’occasion d’une conférence sur la traite de personnes.

Mme Mourani ajoute toutefois qu’il est très difficile de retirer les permis déjà octroyés. «Le seul moyen légal de fermer le commerce est d’exiger la tenue d’une enquête policière, qui, en plus d’être longue et coûteuse, ne permet pas à tout coup de recueillir suffisamment de preuves», explique-t-elle. La Ville de Montréal et le service de police doivent multiplier les effectifs policiers pour que plus d’enquêtes se tiennent, selon elle.

Le gouvernement fédéral pourra bientôt donner de nouvelles armes aux municipalités, assure Mme Mourani. «Grâce au jugement de la Cour suprême, Ottawa va être forcé d’ici la fin de l’année de revoir les lois entourant la prostitution. Si on définit clairement ce qu’est la prostitution, qu’on reconnaît que c’est un crime, tout comme les ventes et les achats de services sexuels, ça va faciliter le travail de tout le monde», ajoute-t-elle.

Chiffres récents sur l’exploitation sexuelle au Québec
À l’occasion d’une journée-conférence à l’UQAM, Maria Mourani a partagé des données récentes sur l’exploitation sexuelle au Québec. L’événement était organisé par le Centre de recherches et d’activités culturelles et communautaires pour les diversités.

Selon des données de la Gendarmerie royale du Canada :

  • 80% de la traite d’humains au Canada est liée à l’exploitation sexuelle.

Selon le service de renseignement criminel du Québec :

  • 39% des victimes d’exploitation sexuelle sont mineures
  • 89% des victimes sont de sexe féminin.
  • Une femme exploitée rapporte en moyenne 280 000$ par année à son proxénète

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