La police commet plus d’abus verbaux envers les itinérants
Si les cas d’abus physiques des policiers envers les itinérants diminuent, les cas de violence verbale sont plutôt en hausse, indique un rapport présenté mardi.
«Cette étude révèle clairement que des pratiques de profilage social persistent», déclare Bernard St-Jacques, organisateur au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). Ce dernier rappelle que l’organisme produit, depuis quelques années, un document faisant état des rapports entre itinérants et policiers, en se basant sur les constats d’intervenants en itinérance et de sans-abri.
Dans le document, on souligne que les propos injurieux de la part des policiers sont fréquents: 96% des organismes interrogés affirment que des personnes leur ont fait part de situations d’abus verbaux, contre 91% en 2012. La situation serait moins dramatique concernant les abus physiques: 88% en ont entendu parler, contre 94% en 2012. «Ce qui est certain, c’est que les policiers se permettent d’adopter un langage avec les personnes itinérantes qu’ils n’utiliseraient jamais avec d’autres individus», observe Marie-Ève Sylvestre, professeure à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa.
Celle qui a effectué des recherches sur la judiciarisation des itinérants se réjouit tout de même que le nombre de contraventions liées aux règlements municipaux soit en diminution. «Je crois qu’il y a eu une bonne conscientisation des policiers et que les cas de profilage social sont de plus en plus isolés, mais on en voit encore, dans la rue ou sur les médias sociaux. Il y a du chemin à faire», dit Mme Sylvestre.
M. St-Jacques, du RAPSIM, constate aussi une légère amélioration des relations entre policiers et itinérants. Par exemple, les organismes interrogés dans l’étude jugent que les relations entre les sans-abri et les forces de l’ordre sont mauvaises ou faibles dans une proportion de 80%, contre 85% en 2012. «C’est loin d’être acceptable, et c’est pour cela que nous espérons que le service de police continue de sensibiliser ses agents à la réalité des itinérants», indique-t-il. M. St-Jacques estime aussi que les mécanismes de déontologie policière devraient être revus, afin que le processus de plainte soit simplifié, raccourci et plus adapté à ceux désirant dénoncer des situations d’abus.
Le Service de police de la Ville de Montréal a refusé de répondre aux questions de Métro.