40% du budget de transport collectif inutilisé, déplore le ministre Poëti
Au cours des cinq dernières années, 40% des fonds dédiés au transport en commun par le gouvernement du Québec n’ont pas été investis dans les réseaux d’autobus, de trains de banlieue ou du métro de Montréal, a révélé jeudi le ministre des Transports, Robert Poëti.
«Je suis préoccupé par le faible taux de réalisation en transport collectif, a-t-il déclaré, à l’occasion d’un déjeuner-causerie de l’Association québécoise des transports. Il y a un taux de réalisation de 90% en transport routier et de 60% en transport collectif dans les cinq dernières années.»
«Vous comprenez qu’on a fait autre chose avec [cet argent], a ajouté le ministre responsable de Montréal. Il faut savoir pourquoi cet argent n’a pas été dépensé pour le transport collectif.»
M. Poëti ne s’est pas avancé sur les raisons, bonnes ou mauvaises, qui expliquent le faible taux de réalisation des projets de transport en commun. Il n’a pas voulu non plus désigner les projets qui ont été écartés.
«Peut-être qu’il faudrait travailler davantage sur la préparation, a suggéré le ministre. Au routier, il y a la règle des dossiers d’opportunité, d’analyse et de réalisation. Au niveau du transport collectif, est-ce qu’on doit faire la même chose?»
M. Poëti a aussi insisté sur la nécessité que les sociétés de transport et l’Agence métropolitaine de transport (AMT) de collaborer pour qu’un projet puisse se concrétiser.
«Je suis en mode recherche de solution, a fait savoir le député de Marguerite-Bourgeoys. On ne pourra pas dire que c’est parce qu’il manque d’argent [en transport collectif]. On en met comme jamais un gouvernement n’en a mis.» De 2014 à 2024, le gouvernement Couillard consacrera 7,6G$ au transport en commun. De ce montant, 980M$ seront investis en 2014-2015. Québec croit être en mesure de diminuer le déficit d’entretien des actifs en transport en commun de 67% à 51% d’ici 2020.
Le responsable des Transports à la Ville de Montréal, Aref Salem, s’est dit surpris et surtout déçu de ce faible taux de réalisation, d’autant que les projets de transport en commun abondent dans la région de Montréal. «Il faut s’assurer que l’argent soit dépensé», a-t-il dit.
M. Salem croit que la gouvernance du transport en commun dans la région métropolitaine pourrait être à l’origine du fait qu’une partie importante du budget de Québec ne soit pas dépensée. Le ministre Poëti y réfléchit. Il entend prendre une décision rapidement. «Je n’aime pas les délais alors ça ne va pas être hyper long», a-t-il dit.
Les élus montréalais ont adopté une déclaration en janvier dernier afin que la Communauté métropolitaine de transport puisse obtenir les pouvoirs de planification, de coordination des services et de gestion des sources de financement que détient actuellement l’AMT.