28 000 litres de diesel demeureront dans le fleuve
LONGUEUIL, Qc – Les quelque 28 000 litres de diesel qui se sont déversés dans le réseau d’égouts de Longueuil, mercredi, demeureront dans le fleuve en raison d’une possible négligence.
Selon le coordonnateur régional d’Urgence-Environnement pour les régions de l’Estrie et de la Montérégie, Christian Blanchette, aucune tentative de récupération n’est possible en raison des trop longs délais dans lesquels les responsables gouvernementaux ont été avisés.
D’après les autorités municipales, le déversement s’est produit après le bris d’une conduite d’alimentation des moteurs d’urgence du puits de pompage d’eau brute du Centre d’épuration Rive-Sud (CERS), sur la rue Saint-Charles Ouest.
Un intervenant d’Urgence-Environnement s’est rendu sur les lieux et a constaté que le déversement se rendait jusqu’au fleuve Saint-Laurent.
«Aucune mesure de confinement ni de récupération n’a été entreprise», a affirmé Christian Blanchette, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Vers 4 h, mercredi, des employés ont senti une forte odeur, croyant à une fuite de solvant, a détaillé M. Blanchette. Vers 9 h 20, les employés du système de traitement des eaux de Longueuil ont logé un premier appel à Urgence-Environnement afin de signaler le déversement de 28 000 litres, soit l’équivalent d’un demi-réservoir de camion-citerne.
«Le réservoir s’est complètement vidé et a emprunté le réseau d’égouts sanitaires de la ville et a été pompé jusqu’à l’île Charron, station d’épuration de la Ville de Longueuil», a expliqué M. Blanchette.
Lorsque Urgence-Environnement a joint les responsables du service des incendies de Longueuil, mercredi à 10 h, ceux-ci n’avaient pas encore été informés de la situation. Ils ont alors ouvert un poste de commandement à la station d’épuration de l’île Charron, «pour voir ce qui pouvait être fait pour confiner et récupérer les hydrocarbures, comme ça doit être fait».
«Entre les petites heures du matin et 9 h, quelque chose qui aurait dû être fait n’a pas été fait», a déploré Christian Blanchette, ajoutant qu’une enquête déterminera ce qui s’est passé.
Étant donné le couvert de glace qui recouvre le fleuve et le débit d’eau, il était trop tard pour déployer les équipements nécessaires pour se rendre sur le fleuve et récupérer les hydrocarbures quand Urgence-Environnement a appris le déversement.
«Compte tenu des délais dans lesquels on a été avisés, c’est bien malheureux, mais on a été mis devant le fait accompli et la Ville n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire ce qu’elle avait à faire», a dit Christian Blanchette.
Or, selon ce qu’a appris La Presse Canadienne, l’information se serait bel et bien rendue à l’hôtel de ville, tôt mercredi matin.
Un communiqué de la Ville de Longueuil indique simplement que «la Ville et le Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil ont travaillé en étroite collaboration avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques lors de cet incident».
La Ville ajoute que la qualité de l’eau potable n’a aucunement été touchée par le déversement, puisque la conduite brisée est située dans un caniveau raccordé directement au réseau d’égouts et n’a aucun contact avec l’eau puisée dans le fleuve.
Peut-on parler de négligence? «C’est un terme que j’utiliserais», a répondu M. Blanchette, prudent.
«L’article 21 de la loi sur la qualité de l’environnement stipule que quiconque est responsable d’un déversement accidentel dans l’environnement doit aviser le ministre sans délai. Les articles 8 et 9 du règlement sur les matières dangereuses stipulent qu’il doit non seulement aviser le ministre, mais faire cesser le déversement et prendre les mesures nécessaires pour récupérer les hydrocarbures, considérés comme des matières dangereuses. Ça n’a pas été fait.»
En soirée, le porte-parole de Longueuil, Bernard Bigras, a admis en soirée à La Presse Canadienne que des leçons doivent être tirées de cet événement.
«Il y a des ajustements à prévoir, entre autres dans nos mécanismes de communication interne. Être capable d’identifier une fuite de nos conduites, entre autres à l’égard de nos génératrices, c’est important. Mais en bout de ligne, il n’y a pas eu d’impact sur la qualité de l’eau distribuée dans la municipalité», a-t-il expliqué.
Il soutient que les informations disponibles en début de journée ne permettaient pas de conclure à la présence de diesel.
«La turbidité de l’eau peut être affectée par plusieurs phénomènes, qui ne sont pas nécessairement liés à la présence de diesel. L’ajustement du traitement peut souvent fonctionner. Si on avait conclu à la présence du diesel dans notre réseau dès le début, on aurait avisé le ministère plus rapidement. On n’a pas été en mesure de faire ce constat avant 8h30», a ajouté M. Bigras.
Par mesure de précaution, les responsables d’Urgence-Environnement ont avisé les municipalités de Verchères, Contrecoeur et Varennes, qui ont des prises d’eau potable sur le fleuve Saint-Laurent en aval du point de rejet des hydrocarbures.
Ils ont également avisé la garde côtière, Environnement Canada et les responsables de la voie maritime du Saint-Laurent, conformément au protocole.