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Le déneigement intelligent scruté à la loupe

Photo: infoneige.ca

Le concept de «déneigement intelligent» testé actuellement à Montréal n’implique pas uniquement de recevoir sur son téléphone la date du prochain chargement de neige. Il permet aussi de scruter le travail de la Ville. Entrevues en quatre coups de pelle avec Christophe Deprez, le créateur d’infoneige.ca, l’application non officielle du déneigement montréalais.

Appli 101
L’application officielle de la Ville de Montréal, INFO-Neige-MTL, a été choisie lors d’un concours public parmi 15 autres propositions. Lorsqu’un chargement de neige est prévu, les données de planification des cinq arrondissements pilotes sont accessibles sur un serveur en format ouvert. On y trouve notamment l’état de chaque rue, la planification du chargement, les changements de planification, etc. Cela permet d’alerter les citoyens via leur téléphone intelligent pour qu’ils déplacent leur auto. Mais les données fournies manqueraient encore de fiabilité (10,5% d’anomalies au 3e chargement, contre 18,7% au premier, selon les calculs de M. Deprez). L’anomalie la plus fréquente: une planification de chargement non entrée dans le système et des automobilistes non avisés se retrouvant avec une contravention.

S’améliorer
Le degré d’anomalies n’est pas fourni par la Ville, qui s’en tient au nombre de plaintes reçues au 311, comparées au 46 500 abonnés. Le détail des anomalies vient plutôt d’infoneige.ca, l’un des 16 projets participants, qui a décidé de poursuivre l’aventure en solo. «On a plus de 500 abonnés qui reçoivent des courriels ou des textos les alertant d’un chargement», indique M. Deprez, le citoyen à l’origine de cette application concurrente. Ce dernier affirme offrir plusieurs options que ne propose pas l’application officielle. Notamment la progression du déneigement par arrondissement en temps réel et la possibilité de recevoir des alertes pour plusieurs côtés de rue à la fois. En outre, l’application ne fonctionne pas uniquement sur des téléphones ayant iOS8 ou Androïd 4.1. «Pour les citoyens qui veulent contester une contravention au cours d’une opération de chargement de la neige, on pourrait bientôt extraire les données de la Ville pour détecter une éventuelle anomalie dans l’information fournie aux citoyens», indique M. Deprez.

Comparer
Grâce à infoneige.ca, on peut aussi comparer les arrondissements. Mais comme l’a noté le contrôleur général dans son rapport présenté la semaine dernière, la rapidité de chargement n’est pas toujours gage d’efficacité, les chenillettes n’étant alors plus disponibles pour sécuriser les trottoirs. Lors du troisième chargement de neige, c’est dans Mercier-Hochelaga–Maisonneuve que l’application de déneigement contenait le plus d’anomalies susceptibles d’induire les citoyens en erreur (23% d’anomalies). En début d’hiver, c’était dans Côte-des-Neiges-NDG. Les données sont encore saisies à la main, il n’y a pas encore d’automatisation, avait indiqué en décembre l’élu Harout Chitilian pour expliquer ces erreurs. «La Ville promet que les données GPS des souffleuses entreront automatiquement dans le système dès l’année prochaine. Mais pour réduire les remorquages, c’est au niveau des données de planification du ramassage qu’il faut s’améliorer. Quand la souffleuse passe, si les informations précédentes sont erronées, il est trop tard», croit M. Deprez.

Contester?
Ayant reçu et dénoncé publiquement une contravention de 118$ pour le remorquage de son auto lors d’une opération de déneigement, la Montréalaise Sandrine Campeau, a décidé de contester l’amende. Elle affirme avoir été prévenue par l’application Info-Neige-MTL deux jours trop tard. La rue concernée tombe effectivement parmi les anomalies pour ce qui est de l’information communiquée par l’arrondissement de Côte-de-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce lors de l’opération de chargement du mois de décembre, confirme Christophe Deprez. La Ville prétend de son côté que c’est la signalisation sur rue qui doit prédominer et non pas l’application. «La Ville ne donne cet avertissement que depuis que j’ai révélé mon problème. Si elle n’était pas dans l’erreur, elle n’aurait pas changé son pitch de vente», affirme Mme Campeau. La Cour tranchera. «J’ai bien hâte de voir les résultats du jugement, car plusieurs personnes sont dans son cas», indique M. Deprez.

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