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Saint-Laurent, dernier refuge contre l’agrile du frêne

L'agrile du frêne. Photo: (Photo : gracieuseté)

L’agrile du frêne continue d’être un véritable fléau pour Montréal. Selon le dernier recensement effectué par la ville, sur les 19 arrondissements, un seul résiste cette année à la contamination. Saint-Laurent, grâce à un investissement de plus de 100 000$, ne compte actuellement aucun cas recensé sur son territoire.

En 2011, lorsque l’agrile du frêne a été découvert pour la première fois à Saint-Laurent, les élus n’ont pas tardé à agir. «Dès que nous avons trouvé des frênes infectés, nous avons réagi rapidement afin de les abattre et de vacciner les arbres présents dans leur entourage immédiat. Nous avons donc immédiatement réduit le foyer d’infestation,» explique Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent.

L’arrondissement ne s’est toutefois pas arrêté à cette stratégie élémentaire. En guise de prévention, les 1357 frênes présents sur le domaine public, même ceux situés loin des souches infectées, ont été vaccinés. Une mesure de 130 000$ qui semble pour l’instant porter ses fruits.

Le TreeAzin, le biopesticide utilisé afin de traiter les frênes, est efficace pour une durée de deux ans seulement. Par conséquent, l’arrondissement de Saint-Laurent devra procéder à nouveau à la vaccination de tous ses arbres dès cet été.

De multiples stratégies
Un inventaire complet des arbres présents sur le domaine public a été réalisé, contenant des données sur les différentes espèces, l’âge, l’historique, la présence de fissures et les dates du dernier élagage, entre autres.

«Bref, nous nous sommes munis d’outils autres que la vaccination. Et nous comptons utiliser ces outils dans les semaines et les mois à venir pour l’agrile du frêne, mais aussi pour tout autre insecte ravageur qui pourrait se reproduire sur notre territoire,» assure le maire.

Saint-Laurent a aussi cherché à inciter d’autres arrondissements et municipalités à adopter des mesures semblables afin de freiner la menace.

Daniel Kneeshaw, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM, est cependant d’avis que Saint-Laurent peut demeurer à l’abri des infestations présentes dans les territoires qui lui sont adjacents, à condition de continuer d’investir.

«D’autres villes ont fait ce pari. Si Saint-Laurent est prêt à continuer son investissement, à continuer de préserver ses arbres, la situation peut rester sous contrôle pendant plusieurs années, même si les voisins n’adoptent pas les mêmes mesures. C’est une question de priorités budgétaires,» explique-t-il.

Impliquer le public
Une grande campagne de sensibilisation a également été mise en place à Saint-Laurent afin d’informer les résidents du problème.

«En 2014, nous avons innové en lançant un appel d’offres afin de trouver une compagnie au plus bas prix possible pour le traitement des frênes sur les terrains privés. Nos citoyens ont pu bénéficier de réductions de 40 à 50% sur le tarif habituel,» explique le maire.

Par conséquent, les Laurentiens peuvent faire vacciner leurs frênes par la firme Arbo Direct, à un coût variant de 238$ à 416,50$, selon leur diamètre. Une première à Montréal.

Ne pas répéter les erreurs du passé
Bien que la propagation de l’insecte soit présentement sous contrôle, M. DeSousa évite de se réjouir trop vite.

«On ne peut juger de l’efficacité absolue de nos stratégies en seulement un an. C’est un travail à long-terme. Nous continuons toutefois de mettre des mesures en place. Par exemple, nous souhaitons remplacer tous les arbres qui seront peut-être abattus dans le futur, afin de ne pas perdre notre forêt urbaine».

Le biologiste Daniel Kneeshaw encense par ailleurs cette volonté de replanter les arbres coupés, tout en émettant un bémol. «Dans les années 70, Montréal a coupé plus de 30 000 ormes à cause de la maladie hollandaise de l’orme. Ils ont tous été remplacés par des frênes, une autre espèce dominante. Quarante ans plus tard, on se retrouve avec le même problème.»

L’expert suggère donc de diversifier les espèces d’arbres qui seront replantés sur le territoire. «C’est la seule solution possible à long-terme. Dans les dix prochaines années, il y a une chance sur trois qu’une nouvelle espèce envahissante se déclare à Montréal. Si elle attaque une espèce d’arbres en particulier, et que ces dernières sont diversifiées, elle n’atteindra peut-être qu’un arbre sur 10 ou sur 15.»

Détecté pour la première fois en juillet 2011 à Hochelaga-Maisonneuve, l’agrile du frêne a déjà forcé l’abattage de plus de 800 frênes à Montréal.

En 2015, Montréal compte dépenser 13 millions de dollars pour planter des arbres et continuer son combat contre l’agrile du frêne, soit quatre fois plus que l’an dernier.

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