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Un museau à la chasse des punaises de lit

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

L’entreprise ON Flair, située à Verdun, propose un moyen inusité de détecter les punaises de lit: l’odorat d’un chien. Depuis sa fondation il y a deux ans, la compagnie est sollicitée par les plus grands hôtels du centre-ville, les entreprises de déménagement et les propriétaires pour inspecter les moindres recoins des chambres et des appartements montréalais.

Dès qu’elle entre dans une pièce, Flair, une petite chienne cocker anglais de trois ans, ne perd pas de temps. Le nez par terre, elle renifle dans tous les coins, à la recherche de l’ennemie: la punaise de lit.

Les cockers anglais sont des chiens petits, discrets et génétiquement disposés pour ce type de travail. «Leur odorat est 100 000 fois plus développé que celui de l’être humain, explique Odette Nadeau, spécialiste en comportement animal et présidente de la compagnie.  Lorsqu’il est bien entraîné, le chien est capable de détecter jusqu’à 98% de la présence des punaises, contre 35% pour l’humain.»

TC Media a pu constater l’efficacité de Flair dans le cadre d’un entraînement.

Un essuie-tout couvert d’excréments et d’œufs de punaises est bien caché dans une fente du mur. Flair, guidée par sa maîtresse, passe son museau dans les moulures et grimpe sur les canapés afin d’inspecter les craques et les fissures. Soudain, arrivée à l’endroit critique, elle se met à gratter en regardant avec envie la gâterie qui récompensera sa trouvaille.

L’entreprise On Flair, située à Verdun, est l’une des deux seules compagnies au Québec à offrir des services de détection canine de punaises de lit, et la seule à entraîner ses propres chiens.

L’histoire de Flair
En 2012, alors que Mme Nadeau cherche désespérément un chien pour débuter son entreprise de détection canine, elle tombe par hasard sur une annonce web. Si Flair n’est pas adoptée très bientôt, elle sera euthanasiée.

La spécialiste en comportement animal décide de tenter sa chance. Après un entraînement rigoureux, Flair s’avère plus que parfaite pour la tâche. Elle est maintenant en mesure de détecter l’odeur des punaises à toutes les phases de leur cycle de vie: depuis les œufs jusqu’à la maturité adulte.

«Ça prend un minimum de 10 mois pour entrainer un chien, à raison de 10 à 12 heures par jour, 7 jours par semaine, ajoute l’experte. On commence l’entraînement lorsque le chiot passe à l’âge adulte, entre 12 et 14 mois,» indique Mme Nadeau.

On apprend aussi au chien à se laisser promener dans un carrosse, puisque c’est le moyen le plus discret d’entrer dans un hôtel sans attirer l’attention des clients.

Après trois mois de travail, l’experte est en mesure de déterminer si l’animal sera en mesure d’accomplir la lourde tâche à long-terme.

«Ce ne sont pas tous les chiens qui sont capables de soutenir les longues heures et le travail de nuit. Même Flair, régulièrement, exige une pause. C’est d’ailleurs écrit dans nos protocoles que nous respectons la capacité de l’animal et qu’il peut y avoir des délais.»

Vers une certification?
Très répandue aux États-Unis, l’utilisation de chiens pour la détection de ces parasites est encore peu reconnue dans la province. Une situation que souhaite changer Lucien Dubé, président de ON Flair.

«Comme nous travaillons surtout avec l’institutionnel, nous avons mis sur pieds un programme de certification qui calque celui des États-Unis, pour permettre aux hôtels de certifier à leur clientèle que l’immeuble est complètement exempt du parasite,» souligne-t-il.

Plusieurs grands hôtels montréalais ont accepté de joindre le bateau et de recevoir les visites de Flair plusieurs fois par mois afin que toutes leurs chambres soient inspectées. Toutefois, beaucoup de propriétaires demeurent réticents à l’idée d’être associés aux parasites.

«C’est souvent une question d’éducation. Les gens sont convaincus qu’il faut être pauvre ou malpropre pour avoir des punaises, mais croyez-moi, elles ne font aucune discrimination. Il suffit d’un couple pour obtenir 100 000 bestioles après 9 mois. L’impact psychologique peut également être important.»

Un avis mitigé
Du côté des exterminateurs, les avis diffèrent sur l’efficacité de la détection canine. Colin, technicien chez SOS Vermine, considère que cette méthode est loin d’être idéale. «Je n’aime pas ça. Ce n’est pas propre, le chien monte sur les lits et les oreillers. Je trouve aussi qu’ils ne sont pas efficaces à 100%.»

Steve Lemieux, propriétaire de Axon Extermination, n’est pas de cet avis. «Les dernières recherches prouvent que le taux de succès de l’inspection canine est beaucoup plus élevé que celui de l’inspection visuelle, particulièrement en début d’infestation. Mais il est important que le maître-chien confirme visuellement les indications du chien. Parfois, une odeur peut persister sans qu’il n’y ait de bestioles.

Lemieux fait même régulièrement appel à un maître-chien afin d’améliorer ses services.

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