Roxboro: Un voisinage souhaite expulser une maison d’hébergement pour déficients intellectuels
Les voisins d’une résidence de Roxboro pour déficients intellectuels, exaspérés par le comportement des locataires, songent à s’adresser aux tribunaux. Le dossier qui traîne à l’arrondissement depuis plus de neuf mois, vient de prendre une nouvelle tournure depuis que l’un des bénéficiaires s’est introduit nu dans la demeure d’un couple retraité, le 24 juillet, pour prendre une douche.
Michel et Huguette Joly, dont la maison est située sur la 5e Avenue Nord, tout juste en face, sont désespérés. «On ne peut pas rester muet. On discute d’un recours collectif», confie M. Joly.
Pour Kevin Davelvy, c’est surtout le manque de surveillance des intervenants qu’il déplore. «Une des handicapées se couche souvent en plein milieu de la rue, mais l’intervenante la regarde et ne fait rien».
«Ça me fait extrêmement peur, je n’ose plus jardiner dehors. Il y en a un qui hurle après tous les gens qui passent», selon Pascale Mayer, une voisine en arrêt de travail en raison d’un cancer du sein.
Tolérance
La maison d’hébergement est sous la responsabilité du Centre intégré universitaire de services de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Est-de-l’Île-de-Montréal. Le directeur adjoint des services en milieu de vie substitut, Carl Simard, se désole que les voisins souhaitent expulser définitivement les résidents de la maison.
«Je comprends que cohabiter avec des gens avec des troubles puisse être difficile, mais c’est ça, vivre en société, on ne choisit pas les voisins. C’est toujours un défi lorsqu’on est confronté à la différence, mais il faut développer la tolérance», dit-il.
Simard reconnaît toutefois la gravité de l’incident survenu vendredi. «On a outrepassé une limite, et c’est notre responsabilité d’implanter des mesures pour éviter une autre situation du genre».
Zonage
L’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro est bien au fait de la problématique entourant la résidence pour déficients intellectuels. En octobre dernier, un avis de non-conformité avait été envoyé au CIUSSS parce qu’il ne respectait pas le zonage. Les services doivent être dispensés en zone institutionnelle et non résidentielle.
Le CIUSSS voit les choses autrement. «C’est leur maison et ils payent un loyer. Ils reçoivent des soins, mais le personnel se rend chez eux, de la même façon que le CLSC se déplace chez les résidents», déclare Sylvie Carle, l’agente d’information du CIUSSS.
On compte une vingtaine de résidences à assistance continue à Montréal. Selon M. Simard, les locataires sont suivis par au moins deux intervenants, jour comme nuit.
À l’arrondissement, la responsable des communications, Johanne Palladini , affirme qu’il n’y a «pas de développement dans ce dossier». Elle s’est refusée à tout autre commentaire.