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Il faut travailler toujours plus pour monter dans l’autobus

Photo: Yves Provencher/Métro

Les Mont­réalais employés au salaire minimum, qui n’ont pas droit au tarif réduit de la Société de transport de Montréal (STM), doivent travailler de plus en plus longtemps pour se payer les titres du transporteur public, selon une analyse de Métro.

Alors qu’il fallait 7 minutes de travail au salaire minimum en 1975 pour acheter un passage au prix régulier, les travailleurs les moins payés de la métropole doivent désormais travailler 18 minutes pour le même droit.

La carte mensuelle a été créée en 1980. À l’époque, 4 heures et quart de travail au salaire minimum étaient nécessaires pour l’acheter. De nos jours, il faut travailler 7 heures et 45 minutes pour en défrayer le coût.

«C’est vraiment incroyable de réaliser que ça prend une journée de travail au salaire minimum pour se payer une passe d’autobus», souligne Julie Corbeil, porte-parole du Mouvement collectif pour un transport abordable.

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Si la situation est difficile pour les travailleurs au salaire minimum, elle est encore pire pour les bénéficiaires de l’aide sociale qui reçoivent environ 600$ par mois, soutient Mme Corbeil. «Ça devient très complexe pour quelqu’un qui veut retourner sur le marché du travail. Ça te prend des billets d’autobus pour aller passer des entrevues et pour aller à la bibliothèque pour utiliser l’internet et faire ta recherche d’emploi.»

Un tarif social nécessaire
Selon Craig Sauvé, critique en matière de transport pour Projet Montréal, l’instauration d’un tarif social, dont les bénéficiaires seraient choisis en fonction de leur revenu, doit être une priorité. «Ça se fait déjà ailleurs au Canada. On ne parle pas de quelque chose de novateur. On parle de quelque chose qui se fait à Calgary, Edmonton, Hamilton, Kingston, Windsor.»

Le conseiller ajoute que certains aînés et certains étudiants sans problème d’argent bénéficient des tarifs réduits, alors que les citoyens à faible revenu qui n’entrent pas dans ces deux catégories n’y ont pas droit. «Une tarification en fonction des revenus n’exclurait pas les étudiants et aînés en situation précaire, mais aiderait aussi les autres», indique-t-il.

Craig Sauvé rappelle également que l’augmentation des tarifs n’est pas suivie d’une augmentation des services. Plusieurs articles concernant la diminution du service d’autobus ont fait les manchettes ces derniers mois.

«Il y a un problème de financement au sein de la STM. On ne le nie pas. Mais ce n’est pas sur le dos des gens à faible revenu, qui ont besoin du transport pour aller travailler, qu’on devrait aller le chercher.» – Craig Sauvé, critique en matière de transport pour Projet Montréal

Des prix planchers, dit la STM
La STM a refusé de nous accorder une entrevue. Sa porte-parole a répondu à nos demandes en copiant-collant un paragraphe présent sur le site web de la Société et en nous l’envoyant par courriel.

On peut notamment y lire que la STM s’assure d’offrir des tarifs parmi les plus bas au Canada et en Amérique du Nord.

À la fin du message, il était également souligné que des rencontres ont lieu avec le Mouvement collectif pour un transport public abordable. Toutefois, la STM maintient qu’une tarification sociale est impossible sans le soutien financier des autorités gouvernementales.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, avait fait du tarif social une de ses promesses électorales. Selon son attachée de presse, Catherine Maurice, le maire et son équipe sont «très sensibles à la question», qui «n’est pas qu’un enjeu de transport, mais bien un enjeu social.»

Au fil des ans
Le prix de la carte mensuelle au tarif régulier a beaucoup évolué avec le temps.
– En 1980 :

  • Coût : 16 $
  • Salaire minimum : 3,65 $
  • Nombre de minutes de travail nécessaires : 263

– En 2015 :

  • Coût : 82 $
  • Salaire minimum : 10,55 $
  • Nombre de minutes de travail nécessaires : 466

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