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Le pipeline Énergie Est pour les nuls

Photo: Collaboration spéciale

Le projet de pipeline de TransCanada sera étudié en consultation publique dans la métropole à partir de mardi et jusqu’au 8 octobre. C’est l’un des projets les plus controversés de l’heure qui divise la population. États des lieux en trois temps.

C’est quoi?
Avec une capacité de 1,1 million de barils par jour entre l’Ouest canadien et le Nouveau-Brunswick, ce serait le plus gros pipeline d’Amérique du Nord. Sur les deux tiers des 4400km du tracé, l’entreprise TransCanada reconvertirait un gazoduc en oléoduc. Mais au Québec, le pipeline, qui serait entièrement nouveau, suscite des craintes, notamment parce qu’il traverserait plusieurs cours d’eau servant de sources d’eau potable. Le tracé proposé traverse huit municipalités de la couronne nord et le secteur de Rivière-des-Prairies, à Montréal, jusqu’à la raffinerie Suncor de Montréal Est. Pour prendre le pouls de la population en vue des consultations de l’Office national de l’énergie en 2016, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) invite les citoyens à participer à une des six séances prévues. À Montréal, 33 organisations ont déposé un mémoire. La moitié proviennent de groupes environnementaux, alors que 20% viennent de représentants de l’industrie.

Les enjeux?
Selon le rapport Savaria, déposé en mai dernier, en cas de fuite majeure et avec un temps de réaction de 13 minutes pour fermer les vannes, 2 millions de litres seraient déversés dans l’environnement (deux fois plus qu’à Lac-Mégantic). TransCanada conteste cette étude. En outre, plusieurs municipalités comme Laval et Mascouche, qui s’opposent au projet, soulignent que les gains économiques seront très faibles une fois la construction terminée puisque l’entreprise semble avoir abandonné l’idée de construire un port pétrolier au Québec. «En moyenne, les municipalités toucheront 149 000$ par an en taxes foncières. Ce n’est pas grand-chose, comparé aux coûts impliqués pour pouvoir répondre aux risques supplémentaires occasionnés par le projet», a indiqué à Métro Guillaume Tremblay, maire de Mascouche. La Fondation David Suzuki estime à 10G$ le coût d’un déversement majeur dans la région de Montréal. La CMM note en outre que le tracé proposé passe dans plusieurs boisés et occasionnerait la perte de 106 hectares de couvert forestier, alors que la métropole est déjà largement en retard en matière de reboisement.

Qui est en faveur?
Le Québec inc. souligne l’importance de ce projet de 5,8G$ au Québec, qui impliquerait la création de 2400 emplois à temps plein et de 1635 emplois dans la phase de construction. «Est-ce qu’on veut que plus de pétrole circule sur des rails, ou est-ce qu’on veut qu’il circule par pipeline, une méthode 4,5 fois plus sécuritaire», lance à Métro Tim Duboyce, porte-parole de TransCanada, en se basant sur une étude du Fraser Institute. M. Duboyce mentionne aussi une étude du groupe Navius, dévoilée lors des consultations en Ontario, qui révélait notamment que la construction de l’oléoduc n’occasionnerait pas forcément des émissions de GES supplémentaires à l’échelle de la planète. TransCanada s’est aussi entendu avec Gaz Métro, qui craignait que la partie ontarienne du projet (reconfiguration d’un oléoduc existant) ne nuise à ses approvisionnements. Une nouvelle qui a rassuré Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Ce dernier compte demander à TransCanada de financer des projets de biotechnologies ou de start-up au Québec afin de favoriser des retombées. «Si on fait partie d’une solution pour exporter les ressources du Canada, il faut en profiter tous ensemble», dit-il.

 

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