Hôpital de jour: une alternative pour traiter les troubles alimentaires
Le nouvel hôpital de jour de Sainte-Justine permet aux jeunes patients souffrant de troubles alimentaires de rentrer auprès de leurs proches tous les soirs. Une nouvelle façon de faire qui vise notamment à diminuer le nombre d’hospitalisations, qui a augmenté de 54% dans les sept dernières années.
«L’approche familiale est le traitement numéro un pour les troubles alimentaires, soutient Dre Danielle Taddeo, chef de section au département de pédiatrie et co-responsable du centre intégré. Avec l’hôpital de jour, les jeunes sont plus à la maison, donc moins coupés de leur milieu. On travaille davantage sur leur vraie vie.»
Les patients, des filles dans 90% des cas, déjeunent à la maison et sont ensuite reconduites à l’hôpital par leurs parents.
Tous les matins, les patients montent sur la balance avant d’assister à un cours de leur programme scolaire. Après l’école, ils se dirigent vers le bureau d’un professionnel, soit psychologue, nutritionniste, travailleur social, etc.
Après le dîner, les jeunes participent à des discussions ou encore à des activités thérapeutiques. «Des activités qui aident à diminuer l’anxiété que vient de créer le repas», souligne Dre Taddeo.
La journée se clôt finalement sur une activité «d’ouverture sur le monde» durant laquelle les patients rencontrent des invités spéciaux ou encore, participent à des activités sur la gestion du stress.
À l’hôpital de jour, des rencontres avec des nutritionnistes et des travailleurs sociaux sont aussi mises à la disposition des parents pour mieux les outiller pour le retour de leur jeune à la maison.
Le Dr Pierre-Olivier Nadeau, pédopsychiatre au département de psychiatrie et aussi responsable de «l’hôpital de jour», précise que le fait de rentrer à la maison tous les soirs et le weekend permet aux professionnels d’intervenir rapidement si une perte de poids est constatée à la pesée du matin.
Un premier centre intégré au Québec
Puisqu’une combinaison regroupant médecins, psychologues, travailleurs sociaux et nutritionnistes est souvent nécessaire pour aider les patients à retrouver un équilibre, les professionnels du CHU ont décidé de regrouper les différents services pour être plus efficaces.
«Les soins de médecine de l’adolescence et de psychiatrie ont été réunis, ce qui permet d’éviter les ruptures dans la trajectoire des patients, de faire un meilleur suivi et de déterminer plus rapidement les services dont ils auront besoin», explique Dre Taddeo.
Sans avancer de chiffres, Dre Taddeo souligne que des hospitalisations ont été prévenues depuis l’ouverture de ce centre en octobre. «Nous avons prévenu des hospitalisations en dirigeant certains patients vers l’hôpital de jour, annonce Dre Taddeo. Et c’est vraiment bénéfique pour eux de ne pas se rendre jusqu’à l’hospitalisation.»
Les premiers patients de cet hôpital ont été admis en octobre dernier. Deux ou trois patients par semaine fréquentent désormais la clinique. En moyenne pendant deux semaines.
Ultimement, le CHU désire exporter son modèle vers d’autres centres hospitaliers. «Beaucoup de patients proviennent de l’extérieur de Montréal, donc nous aimerions pouvoir fournir un modèle aux autres centres», annonce Dr Nadeau.
La moyenne d’âge des personnes atteintes de troubles alimentaires qui fréquentent Sainte-Justine est de 14 ans. Entre 2008 et 2015, le nombre d’hospitalisations est passé de 83 à 153 au CHU.