Brossard pourrait interdire dès mardi la distribution des sacs de plastique
BROSSARD, Qc — L’industrie du plastique a fait parvenir un avis juridique à la Ville de Brossard pour qu’elle renonce à l’adoption de son projet de règlement visant à interdire la distribution des sacs de plastique sur son territoire.
Le conseil municipal de Brossard, sur la Rive-Sud de Montréal, doit adopter mardi prochain son règlement qui entrerait en vigueur en septembre.
L’Association canadienne des sacs en plastique (ACSP) dénonce “l’absence de participation publique”, qualifiée “d’atteinte à la démocratie”, et soutient que “l’adoption d’un tel projet de règlement constitue un exercice abusif et déraisonnable des pouvoirs de la Ville”. L’industrie soutient que “le bannissement des sacs minces de plastique (…) causera des dommages importants à la fois à l’environnement et à l’économie”.
“Toutes les parties prenantes — même celles qui sont touchées le plus durement par ce bannissement, comme des propriétaires de dépanneurs, les détaillants et les fabricants de sacs — ont été complètement exclues de la discussion”, explique Marc Robitaille, président d’Omniplast, fabricant de sacs de plastique de Saint-Hubert, voisine de Brossard. “Tout ce que nous voulons est un dialogue ouvert et de travailler avec des données scientifiques et à jour.”
Dans une réplique laconique, le porte-parole de la Ville de Brossard, Alain Gauthier, a indiqué jeudi que le conseil municipal n’avait pas l’intention de faire marche arrière dans ce dossier.
Les partisans de l’interdiction soutiennent que les sacs de plastique sont une source de pollution (rues, arbres, espaces publics), qu’ils se retrouvent rapidement dans les sites d’enfouissement et y mettent beaucoup de temps à se décomposer.
L’industrie conteste ces arguments, plaidant que “60 pour cent des sacs sont réutilisés deux fois ou plus (pour les déchets domestiques, les lunchs, etc.) et que 93 pour cent sont réutilisés ou recyclés”.
Luc Tremblay, directeur des relations avec les gouvernements au Conseil canadien du commerce de détail, soutient que l’interdiction obligera les consommateurs à acheter plus de sacs de plastique.
L’usage des sacs à provision en plastique dans les épiceries et supermarchés a considérablement diminué depuis quelques années au Québec, grâce à la législation et à un “ticket modérateur” de cinq cents par sac à la caisse. Les Québécois utilisent maintenant environ un milliard de sacs de plastique par année, soit deux fois moins qu’il y a 10 ans, grosso modo.
La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a d’ailleurs annoncé jeudi la mise sur pied d’un groupe de travail pour élaborer un plan d’action visant à interdire l’utilisation de sacs de plastique à usage unique sur son territoire. Le conseil de la CMM avait officiellement décidé en décembre d’interdire cette utilisation d’ici avril 2018. La CMM regroupe 82 municipalités où résident plus de 3,9 millions de personnes.
“Nous en sommes maintenant à l’étape de bien documenter la situation afin de procéder de la façon la plus adéquate possible”, a indiqué jeudi le président de la CMM, Denis Coderre, maire de Montréal.
À Montréal même, la commission de l’environnement avait retenu l’an dernier, après consultations, le même objectif très symbolique: le 22 avril 2018, jour de la Terre.
D’autres grandes villes canadiennes songent elles aussi à interdire les sacs de plastique, dont Vancouver et Victoria. De plus petites municipalités ont déjà adopté de tels règlements, comme Huntingdon et Deux-Montagnes au Québec, mais Toronto a échoué dans sa tentative en 2012.