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Boxer pour réussir et sortir de la rue

Une vingtaine de jeunes de Montréal-Nord en situation difficile ont participé à une séance de boxe à l'université McGill. Photo: Photo Mario Beauregard / TC Media

Découvrir les techniques de la boxe pour affronter les obstacles de la vie et préparer un retour à l’emploi ou aux études: l’objectif d’une journée fort mouvementée pour une vingtaine de jeunes nord-montréalais en situation difficile.

Organisée dans le cadre de Jeunes en action, un programme de réinsertion long de près de six mois, la séance d’entrainement s’est déroulée le 8 février au cœur de l’université McGill, à l’initiative du club de boxe du campus qui souhaite «se rapprocher de la communauté».

«Nous voulons nous impliquer dans la ville, être plus proche des quartiers, explique Yuri Sarasty, 38 ans, étudiant en psychologie et organisateur de l’événement. Certains ont l’impression que McGill est sur une autre planète, réservée aux gens riches, mais c’est faux. Tout le monde est bienvenu. Nous souhaitons vraiment inspirer ces jeunes, leur montrer qu’ils ont des options et des opportunités pour réussir.»

Accompagné par une dizaine d’autres élèves de la célèbre université, Yuri enchaîne les exercices de push-up, de corde à sauter et de démonstration de jab devant 18 jeunes nord-montréalais, de 18 à 24 ans, dont trois femmes, qui exécutent sans broncher les mouvements demandés. Le sport, une étape supplémentaire de ce programme initié par le Carrefour Jeunesse emploi (CJE) Bourassa-Sauvé qui propose de nombreuses activités telles l’aide scolaire, l’intervention de différents organismes et de multiples conférences dans des domaines variant de la drogue à l’aide au logement.

Au programme de cette journée: renforcement musculaire et apprentissage des techniques de la boxe.
Au programme de cette journée: renforcement musculaire et apprentissage des techniques de la boxe.

«Ces jeunes ont connu des problèmes de santé, des soucis judiciaires, étaient au mauvais endroit au mauvais moment ou vécu d’autres accidents de la vie qui ont forcé leur décrochage, explique Sarah Choukroun, intervenante au CJE. Mais lorsqu’ils se retrouvent en groupe, avec des personnes ayant connu des situations similaires, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls.»

«En arrivant à McGill, en passant dans les couloirs, je les sens heureux, reprend-elle. Ils se sentent inclus, aperçoivent des conditions dont ils pourraient bénéficier. C’est encourageant.»

«La boxe donne une direction dans la vie»
Alors que Yuri reprend deux jeunes en pleine discussion animée pour les convier à suivre d’autres exercices de renforcement musculaire, le groupe d’étudiants à l’origine de cette activité se montre confiant.

«Avec la boxe, j’espère qu’ils pourront apprendre à se fixer de nouveaux objectifs», assure Candice Taguibao, membre du club de boxe de l’université. «Beaucoup de champions, de Mike Tyson à Ali, ont vécu eux-aussi des moments difficiles, complète Emanuel Elmaleh, étudiant en finance et boxeur amateur. La boxe donne une direction dans la vie, apprend la discipline. Dès que je suis stressé, fâché, je boxe et j’arrive à tout relâcher. Cela va les aider.»

Gratuit, le programme Jeunes en action se déroule sur 32 à 52 semaines, selon un suivi personnalisé. Alors qu’une vingtaine d’heures hebdomadaires sont requises, les participants, tous volontaires, participent à différentes activités avec l’objectif de reprendre des études ou de trouver un emploi.

Tous les jeunes présents ont été emballés par cette étape du programme Jeunes en action proposé par le CJE.
Tous les jeunes présents ont été emballés par cette étape du programme Jeunes en action proposée par le CJE.

Des jeunes emballés

«La boxe m’oblige à être à la fois le meilleur possible mais aussi meilleur que mon adversaire. Cela me pousse à me battre. J’ai lâché mes études il y a deux, trois ans, c’était difficile car j’avais une étiquette de jeune délinquant. On me désignait toujours comme un coupable. J’avais emmagasiné un taux d’agressivité avec le temps, je n’avais pas l’occasion de l’évacuer, et un tel sport me fait du bien», Claude Jr, 20 ans.

«Arrêter l’école n’a pas été un choix. J’ai dû me débrouiller par moi-même mais depuis décembre, j’ai choisi de rejoindre ce projet. La boxe, j’y vais parfois pour me libérer, penser à autre chose, oublier mes problèmes. Nous tous, nous avons des soucis. Pouvoir les laisser un peu de côté, c’est bien», Steve, 21 ans.

«J’ai quitté l’école avant d’avoir mon secondaire 5, mais maintenant, je veux réussir dans la vie. Je ne veux pas travailler au Tim Hortons ou McDo, mais être infirmière. Je vise haut. Un ami a participé à ce programme et m’a expliqué avoir réussi sa vie grâce à cela. Il m’a poussé, m’a encouragé et la boxe me motive aussi. Je la regardais à télé mais je ne m’imaginais pas en faire. Je conseille ce sport à tous les jeunes», Josemil, 23 ans.

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