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Ça passe ou ça casse

Photo: Collaboration spéciale

Après la Grande Terrasse rouge sur la rue Saint-Denis et le concours de design pour «habiller» les travaux de réaménagement de la rue Sainte-Catherine, j’ai appris entre les branches que la Ville tentera une troisième expérience de mise en valeur de chantier, cette fois-ci sur l’avenue Laurier Ouest.

La firme NIP Paysage, l’architecte Patrick Morand et le cabinet de design graphique Paprika ont été mandatés pour élaborer une stratégie visant à atténuer les irritants qui entoureront la cure de rajeunissement de la section commerciale de l’avenue Laurier à l’automne 2017. Tout comme pour les rues Saint-Denis et Sainte-Catherine, ce projet a pour but de mieux informer les passants sur les travaux en cours, d’offrir une signalétique adéquate pour s’orienter parmi les engins lourds et d’accueillir des activités sporadiques afin de stimuler la vie commerciale du secteur.

À la Ville, on a refusé de me donner les détails de l’initiative puisque «la phase de conception n’est pas terminée et que le contrat n’a pas été octroyé». Les architectes et les designers impliqués ont également reçu la consigne de garder le silence.

Mais selon un document auquel j’ai eu accès, ce nouveau projet de mise en valeur d’un chantier ressemble à plusieurs égards à la Grande Terrasse rouge de l’architecte Jean Beaudoin. On pourrait notamment aménager des espaces publics comme des gradins afin d’accueillir de petites foules lors de spectacles, de conférences ou de séances de cinéma à ciel ouvert. Des tours d’observation modulables se­raient aussi envisagées, ce qui permettrait aux passants de suivre l’évolution du chantier.

La Ville souhaite ainsi dépasser l’idée selon laquelle la décoration d’une clôture de chantier va suffire à créer un milieu attractif pour les passants. On tentera plutôt d’accompagner les travaux avec une «installation paysagère entière» (dixit le document) en évitant de paralyser les boutiques et les restaurants comme on l’a fait dans le passé sur le boulevard Saint-Laurent, par exemple. Autrement, les conséquences sont lourdes à porter sur le plan politique et économique.

Ce projet risque donc d’être bien accueilli par les commerçants sur la rue Laurier, qui sont extrêmement nerveux devant l’ampleur des travaux à venir. Estimés à
10 M$, ceux-ci consistent à remettre à niveau les infrastructures souterraines ainsi qu’à redéfinir l’avenue avec davantage de verdure, une œuvre d’art, des saillies de trottoirs végétalisées, un lien cyclable et du nouveau mobilier urbain.

Difficile de prédire si ce design de chantier aura le succès escompté pour la vitalité de l’artère, mais il revêt à mes yeux une importance capitale. Ce sera en quelque sorte le projet qui viendra confirmer les mérites (ou les défauts) de ce type de stratégie.

Contrairement à la rue Saint-Denis, qui connaissait déjà un déclin marqué avant même l’arrivée des cônes orange, l’avenue Laurier Ouest présente un contexte plus favorable avec un dynamisme commercial enviable. La Ville sera donc en meilleure position pour évaluer les effets (et les limites) de ses efforts de mitigation.
Si les résultats s’avèrent peu concluants, il faudra réévaluer ces investissements et se demander s’il est justifié de dépenser autant d’argent pour l’habillage de chantiers. Après tout, à elle seule, la Grande Terrasse rouge aura coûté près de 2 M$.

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