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Arnaques en ligne dans des annonces de chatons gratuits

Photo: Getty Images/iStockphoto

Il peut être tentant de vouloir adopter un chaton de race qu’on vous offre gratuitement en ligne. Jusqu’à ce qu’on vous demande de payer des centaines de dollars pour son transport international.

Si l’arnaque n’est pas nouvelle, elle est toujours d’actualité. TC Media a prétendu être à la recherche d’un chat de Bengal offert gratuitement et a fait l’expérience de communiquer avec des gens qui utilisent un modus operandi dénoncé par certains lecteurs.

La façon de fonctionner est simple. Il faut trouver, sur un site web, une annonce d’un «propriétaire» de chat de Bengal qui cherche une nouvelle famille pour son animal et qui est prêt à le donner. Pensant qu’on a à faire à quelqu’un du Québec, ô surprise, on constate que la famille en question vient d’être mutée à l’étranger. À Londres, disons – exemple pas du tout fictif. Pour avoir le chat, il faut payer les frais de transport en avion de l’animal au moyen d’un virement d’argent par une compagnie de transfert. Mais chut! Il ne faut pas dire au commis de la compagnie qui effectuera le virement que les fonds serviront à une transaction animalière. Sinon, il «taxera plus cher les frais d’envoi», affirment ceux qui prétendent vouloir confier leur chat à une personne de confiance.

Les arnaqueurs ont mentionné à TC Media que le transport du chaton (Nina, dans ce cas-ci) serait effectué par la compagnie Goldenways Pets. La compagnie de transport d’animaux Goldenway (sans «s») existe bel et bien, mais on n’aura pas affaire à elle. «Nous recevons une dizaine d’appels par jour de gens qui se sont fait avoir», raconte à TC Media Alexandre, un employé de la compagnie. «Il faut expliquer aux gens qu’ils doivent être vigilants. C’est hors de notre contrôle», poursuit-il, en expliquant que jamais la compagnie ne demande de paiement par l’intermédiaire d’une entreprise de transfert d’argent. Goldenway publie d’ailleurs de temps à autre des avis sur son site web ou sur sa page Facebook pour informer les clients que des escrocs sévissent.

Alors que les fraudeurs demandent un prix d’environ 200$ pour le transport du chaton entre Londres et Montréal, la vraie facture serait plutôt d’environ 1000 euros pour faire voyager un chat par cargo entre Paris et Montréal avec Goldenway. «Nous sommes basés en France. Nous ne ferions pas le transport par Londres», fait d’ailleurs remarquer Alexandre.

Des arnaques en hausse

Le Centre antifraude du Canada (CAFC) a reçu, en 2016, un peu moins de 300 plaintes au sujet de fraudes concernant la vente d’animaux (chats ou chiens), gratuits ou offerts à prix très bas. La même année, 177 personnes ont déclaré avoir été victimes d’une telle fraude, pour un total de 126 369$ de pertes signalées au CAFC. En comparaison, en 2010, un total de 15 personnes s’étaient plaintes d’une fraude de ce type, alors que 7 personnes en avaient été victimes et que les pertes étaient chiffrées à 12 310$.

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Comment détecter?

Sur le site Fouinez.com, les annonces relatives à des chatons de Bengal (à noter que d’autres races de chats et de chiens font l’objet de ces stratagèmes) à donner pullulent.

Selon Lisanne Roy Beauchamp, du CAFC, les principaux éléments à surveiller pour éviter les arnaques sont la demande de transfert d’argent par des compagnies comme WesternUnion ou MoneyGram, de même que le fait que les annonceurs se situent outre-mer. «On devrait toujours voir les parents de l’animal et les conditions dans lesquelles il a été élevé avant de faire l’achat», fait-elle aussi valoir.

En contactant quelques-uns des annonceurs, TC Media a repéré d’autres tactiques utilisées qui éveillent les soupçons :

– Les photos qui accompagnent l’annonce se retrouvent sur d’autres sites web, ce qui confirme que ce ne sont pas des images du chat qu’on prétend vouloir donner. Il est possible de vérifier en faisant une recherche d’image inversée sur Google.

– L’annonceur est très expéditif : il enverra un courriel pour le transport de l’animal seulement après avoir répondu à quelques questions.

– Malgré les demandes, l’annonceur refuse de s’entretenir au téléphone avec l’intéressé, ou il ignore ses demandes à cet effet.

– Il laisse plusieurs de vos questions sans réponses. Au cours de nos contacts avec les personnes qui ont affiché de telles annonces, nous avons posé des questions sur la compagnie de transport qui serait utilisée, ou sur le vétérinaire sensé accompagner Nina pendant son transport, par exemple. Ces demandes étaient systématiquement ignorées.

Un jour, TC Media a reçu un courriel l’avisant que Nina était à l’aéroport, qu’il ne manquait que l’envoi des fonds. TC Media n’a pas donné suite, ni les «propriétaires» d’ailleurs. Pauvre Nina, la chatte qui n’existait pas, et qui nous attend toujours.

Un chat vendu plus de 1000$ par des éleveurs

Le Bengal fait partie des chats les plus en demande dans la province. En octobre 2014, cette race arrivait d’ailleurs en première position des types de chats les plus populaires dans le Magazine Animal, qui avait sondé plus de 2500 répondants. Annie Desmarais, de l’élevage Saphira Bengal, confirme que ces chats sont de plus en plus populaires. «Ils sont aussi de plus en plus connus», dit-elle.

Ce chat hautement recherché a toutefois son prix, d’où la tentation d’en obtenir un à un coût inférieur à celui du marché. Mme Desmarais et Christiane Bédard Royal, vétérinaire et propriétaire de Chatterie Royal Bengal, ont confirmé que des chatons de cette race se vendent autour de 1000$, parfois jusqu’à 1500$ pour un pure race. «Ce sont des chats qui ne sont pas faciles à élever, qui demandent beaucoup d’entretien», soutient Mme Bédard Royal.

«Ça m’étonne qu’on pourrait donner un chat. Je trouve ça bizarre», poursuit Mme Bédard Royal. «Il est essentiel d’être en contact avec le chat avant de l’adopter», ajoute-t-elle. Ce constat est partagé par Annie Desmarais. «Allez visiter le lieu d’élevage. Amenez vos enfants si vous en avez», conseille cette dernière. Et prenez votre temps aussi. «Ça ne prend pas 15 minutes», précise celle qui élève ce type de félin depuis 9 ans.

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