1967 et autres choses
Alors qu’on vient à peine de ranger nos vieux passeports de l’Expo dans notre tiroir à mémoire, nous revoilà plongés tête première dans le lac aux souvenirs avec le discours du général de Gaulle sur le balcon de l’hôtel de ville. Le rappel de ces événements nous ramène à une époque extraordinaire où, dans l’œil du cyclone, nous étions littéralement aspirés vers une autre dimension. Dans un nouveau monde qui nous faisait passer du noir et blanc à la couleur. Un monde qui prenait même la peine de se déplacer pour faire notre rencontre et mieux nous connaître. Quand de Gaulle est venu au Québec, c’était nous, bien plus que l’Expo, qu’il venait visiter.
Y’a pas à dire, 1967 nous aura marqués. Avec tous les changements survenus cette année-là, on pourrait même qualifier 1967 d’année-catapulte pour le Québec. Sauf que, 50 ans plus tard, force est d’admettre que certains projets – ô combien prometteurs – ont malheureusement changé de trajectoire après leur lancement…
Le 11 mars 67, après des années de creusage et de dynamitage, on ouvre enfin le pont-tunnel Hippolyte-La Fontaine. Une réalisation géniale pour l’époque qui offrira la promesse de régler pour de bon l’accès à l’île de Montréal à partir de la Rive-Sud. Fast-forward, 50 ans plus tard: le flot en provenance de la banlieue a atteint un niveau critique et le pont-tunnel doit être retapé de toute urgence tant il est en mauvais état. Va falloir trouver un superlatif au mot enfer.
Le 25 avril 67, c’était l’échangeur Turcot qu’on inaugurait. Un concept qui se voulait audacieux pour l’époque, mais qui n’aura été finalement qu’un regrettable spaghetti de béton éternellement en réparation. Il sera remplacé par un autre échangeur d’ici peu. Au coût hallucinant de 3,7 G$. On souhaite que celui-ci puisse durer quand même un peu plus longtemps…
Le 25 août 67, la commission Castonguay-Nepveu sur la santé recommandait de façon unanime l’instauration au Québec d’un régime d’assurance maladie complet, public et obligatoire. Parce que les pauvres autant que les riches avaient le droit d’être soignés convenablement. Hélas, entre le projet initial et ce que la grosse business de la santé est devenue en 2017, j’ai l’impression que l’objectif de base a été «subtilement» remplacé par un moteur à deux vitesses. Tant de chemin parcouru pour finalement en arriver à ça, c’est une honte.
Le 1er septembre 67, on procédait à l’ouverture des cinq premiers cégeps. L’idée derrière tout ça était de réunir les étudiants du cours général et du programme professionnel afin d’aplanir les écarts sociaux, tout en fournissant à tous et à toutes un accès sans précédent à l’éducation de niveau collégial, peu importe leurs origines. L’idée était noble et sa mise en œuvre plus que nécessaire. Aujourd’hui, nos gouvernants semblent se satisfaire du fait qu’un élève sur six (15%) décroche avant la fin du cours secondaire et ne puisse même pas penser aller un jour au cégep. Trouvez l’erreur…
Bien sûr que 1967 fut une grande année. On devrait parfois même avoir le droit d’y retourner.
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Vu: Dunkirk, de Christopher Nolan. Moi qui me plaignais ici même il y a deux semaines que les récentes sorties au cinéma étaient épouvantablement poches, me voici récompensé pour mes longues souffrances. Ce film, il est tellement bon qu’il est bien ardu de lui trouver des défauts. L’ai vu sur un écran Imax qui, pour une rare fois, sert le film sans faire office de gadget.
Je recommande sans réserve. En passant, voici une occasion parfaite de sortir vos aînés. Ça les changera des programmations «légères et estivales» qu’ils doivent supporter au quotidien à la télé…
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Vous aussi, vous en avez déjà plein le c.. de la course de Formule E du week-end prochain? Sans blague, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas été témoin d’une telle patente à gosses sur le territoire de Montréal. De quoi faire passer l’organisation des Championnats du monde de natation de 2005 et des Outgames de 2006 pour des chefs-d’œuvre…
Rarement un événement aura-t-il autant fait l’unanimité. Dans le plus mauvais sens du terme. On jurerait qu’il n’y a que le maire qui semble vrrraiment trrrès heureux de la chose. À quelques mois de son inévitable réélection pour un second mandat, l’attitude Labeaumesque qu’affiche Denis Coderre a de quoi inquiéter. Sérieusement.
@menardradio