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Langue: des péquistes durcissent le ton

Parti Quebecois leadership candidate Jean-Francois Lisee speaks during a leadership debate in Montreal, Sunday, September 25, 2016. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes/La Presse canadienne
Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — De nombreux militants péquistes ont tenté vendredi de radicaliser le programme de leur parti sur la défense du français.

Leurs positions tranchées pourraient cependant ne pas passer le test de la plénière avant la fin du 17e congrès du parti, dimanche.

L’atelier du congrès du Parti québécois consacré aux propositions linguistiques a donné aux militants l’occasion de durcir le ton, tant sur l’affichage, que sur la langue du travail et celle en usage dans les garderies.

D’ici dimanche soir, l’ensemble des délégués pourrait choisir d’endosser ou de battre ces propositions en plénière.

Par exemple, les militants péquistes voudraient soumettre les entreprises de 10 à 50 employés à la procédure de certification de francisation. Le chef, Jean-François Lisée, propose plutôt d’étendre la procédure aux entreprises de 25 à 50 employés.

L’affichage commercial devrait, selon eux, être unilingue français, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur «en utilisant la clause dérogatoire au besoin».

La loi 101 devrait aussi s’appliquer aux Centres de la petite enfance (CPE) et aux garderies privées subventionnées, selon eux, forçant ainsi les enfants d’immigrants à fréquenter un service de garde francophone.

La discussion autour des propositions relatives à l’accès au cégep anglophone a été quant à elle reportée à samedi, faute de temps.

En matinée, en point de presse, M. Lisée avait indiqué à ce propos que les cégeps francophones devraient faire une meilleure place à l’enseignement de l’anglais, le meilleur moyen de freiner l’exode des jeunes francophones et allophones vers les collèges de langue anglaise, à son avis.

M. Lisée maintient donc sa position sur la question controversée de l’accès au cégep anglophone: il refuse d’étendre l’application de la loi 101 au cégep.

M. Lisée fait le pari que son parti jugera comme lui qu’en offrant un meilleur enseignement de l’anglais au cégep francophone, les étudiants francophones et allophones seront moins attirés par un éventuel transfert vers les collèges de langue anglaise.

M. Lisée a réaffirmé que les cégépiens sont de jeunes adultes et qu’ils devraient de ce fait pouvoir étudier dans la langue de leur choix, une position qui divise son parti depuis des années.

Le chef du PQ, un parti dont la moyenne d’âge est élevée, cherche ainsi à ne pas s’aliéner les jeunes souverainistes.

Pour ménager la chèvre et le chou, M. Lisée propose cependant d’offrir aux cégépiens qui fréquentent un établissement francophone de pouvoir faire une session dans un cégep anglophone pour parfaire leur anglais. L’accès à des cours d’anglais serait du même coup étendu dans les cégeps de langue française.

Sur un enjeu de tout temps délicat, voire explosif, au sein du mouvement souverainiste, M. Lisée a dit croire avoir trouvé le point d’équilibre, en adoptant une position de compromis, cherchant ainsi à éviter de braquer son aile plus radicale.

«On a pris une décision, c’est de ne pas avoir de confrontation», a-t-il indiqué.

Si les cégeps francophones offrent un meilleur enseignement de l’anglais, tout en ouvrant la porte à une session en anglais, ils deviendront plus attrayants tant pour les étudiants francophones de souche que les allophones, croit le chef péquiste, convaincu que ce sera suffisant pour freiner l’exode des francophones et allophones vers les établissements anglophones.

Il faut offrir aux jeunes «un vrai parcours pour apprendre l’anglais correctement» au cégep, selon lui.

Chaque année, le nombre d’inscriptions de ces derniers dans les cégeps de langue anglaise ne cesse de croître.

Le PQ est d’avis qu’en adoptant sa position, la fréquentation des cégeps anglophones diminuera «graduellement».

En soirée, devant ses militants, le chef péquiste a livré un long discours dans lequel il a repris ses principaux engagements.

Sur la langue, il promet que «dans les 101 premiers jours de notre prise de pouvoir, nous adopterons la loi 102 pour arrêter le déclin du français et renverser la vapeur».

Il y réaffirme qu’un gouvernement Lisée ne tiendrait pas de référendum dans un premier mandat, une initiative reportée au second mandat.

Autour du thème «Le chemin des victoires», le congrès, qui réunit quelque 2000 délégués et observateurs, vise à adopter le nouveau programme du PQ, à partir de la proposition présentée en janvier dernier par M. Lisée.

Le vote de confiance des membres envers leur chef aura lieu samedi.

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