Vers une plus grande reconnaissance des diplômes
QUÉBEC — Le gouvernement Couillard, les 46 ordres professionnels du Québec et les établissements d’enseignement et de santé s’engagent à faciliter le parcours des immigrants qui veulent un emploi à la hauteur de leurs compétences.
Ils ont convenu, au sortir d’une grande rencontre jeudi, de travailler ensemble afin d’aplanir les difficultés liées à la reconnaissance des compétences acquises à l’étranger.
Cela passera entre autres par la création d’un guichet unique, qui regroupera sous une même adresse l’information nécessaire pour assister les candidats dans leurs démarches; le renforcement de la francisation technique et de l’accompagnement académique; le partage des meilleures pratiques dans l’évaluation des demandes d’admission, et la sensibilisation des employeurs afin d’améliorer l’appréciation des candidatures de personnes immigrantes.
On identifiera également des emplois de transition, qui permettront aux immigrants de maintenir leurs compétences, en attendant de décrocher un emploi dit «de plein potentiel».
«On ne peut pas se permettre de laisser des talents de côté; on a besoin de recruter des talents au Québec, a déclaré le premier ministre Philippe Couillard, qui participait également à l’événement. C’est un enjeu de la plus haute importance pour le Québec.»
Trop souvent, les professionnels formés à l’étranger qui s’installent dans la province deviennent des «tragédies humaines», a-t-il ajouté.
Actuellement, selon les données du gouvernement, un professionnel agréé, qui désire obtenir un permis d’exercice au Québec, y parvient au bout d’environ trois ans.
Le délai est encore plus long pour les candidats possédant une formation qui ne se trouve pas sur une liste agréée, ou une formation connexe. On parle d’environ cinq ans pour ces derniers.
Plusieurs candidats finissent par abandonner. Le Conseil interprofessionnel du Québec estime qu’environ la moitié des candidats ayant obtenu une reconnaissance partielle d’équivalence abandonneront le processus avant d’avoir en mains leur permis d’exercice.
«Aujourd’hui, c’est un premier pas qui est non négligeable, a indiqué la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée. C’est la première fois qu’on avait autour d’une même table tous les acteurs qui ont un rôle à jouer dans la reconnaissance des compétences des professionnels.»
Pourtant, l’enjeu était tout aussi réel il y a dix ans, lorsque le premier ministre Jean Charest avait conclu un accord avec la France, accélérant la reconnaissance des diplômes.
En ce moment même, plus de 1000 infirmières formées hors Canada sont en attente de places pour réaliser leur programme d’intégration professionnelle, alors que le réseau de la santé a des besoins urgents en matière de main-d’oeuvre, a illustré la présidente de l’Ordre des infirmières, Lucie Tremblay.
«Il faut mettre en place une planification des besoins de main-d’oeuvre en lien avec les besoins des régions et des domaines de soins, et ce, où les besoins des patients sont les plus criants», a-t-elle dit, en ajoutant être «optimiste» pour la suite des choses.
«J’ai toute une collection de carte d’affaires dans ma sacoche. Les gens veulent commencer à travailler ensemble», a-t-elle renchéri.
De son côté, la ministre Vallée assure que le gouvernement n’a pas perdu de temps; deux autres accords seront probablement conclus, avec la Suisse et le Maroc.
Le gouvernement Couillard a mis sur pied le comité interministériel sur la reconnaissance des compétences des personnes immigrantes en 2014. Le Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre a suivi, en février 2017.
Dans son dernier budget, le ministre des Finances a annoncé une somme de 179 M$ sur cinq ans pour soutenir l’intégration de toutes les personnes immigrantes sur le marché du travail.
Enfin, le projet de loi 98, adopté en juin, vise également à simplifier la mise à jour des compétences professionnelles, en revoyant la gouvernance des ordres professionnels et les règles d’admission aux différentes professions.
Un ombudsman, dont le rôle a été renforcé, est chargé de transmettre les doléances aux ordres professionnels des immigrants qui s’estiment lésés.