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Se faire arranger le portrait

Dans mon bout, on vient de sortir les affiches électorales. Dans votre coin aussi, j’imagine. C’est drôle, au moment où on clame partout que la présente campagne sera le premier exercice électoral à utiliser le biais des réseaux sociaux, on sort une fois de plus les escabeaux pour clouer des maudites pancartes moches dans notre forêt de poteaux. Vive le changement, pourvu que ça se fasse tranquillement pas vite…

Vous, avez-vous déjà été influencé par le portrait d’un candidat sur une affiche? Vous me rassurez, moi non plus. À la limite, c’est plutôt le contraire qui risquerait d’arriver. On apprend à se méfier en vieillissant… On devient surtout méfiant quant aux stratégies électorales qui remontent aux temps d’hier.

Je n’aime ni les pancartes ni les sourires plaqués qu’il y a dessus parce que j’ai horreur qu’on me prenne pour un zouf prêt à gober n’importe quoi. Je n’aime pas plus qu’un politicien se fasse prendre en photo avec, dans les bras, un bébé qui n’est pas le sien. L’honorable Johnny l’a encore fait en fin de semaine. Une mise en scène ridicule et grossière. Ça prouve quoi, quand un politicien fait des guili-guili à un poupon qui n’ira pas voter avant 18 ans et qui, surtout, ne pourra pas le r’virer de bord en lui mettant dans la face ses «réalisations» des dernières années?

La même chose arrive, paradoxalement, quand on fait des visites dans les foyers de personnes âgées. Le temps de sortir les kodaks, on fait des risettes avec les centenaires du centre – un peu dépassés par le brouhaha inhabituel – et ensuite, on file dehors au plus sacrant pour faire un point de presse stérile. Avec, en guise de rideau de fond, l’inévitable rangée de candidats locaux qui en sont réduits à faire les «bubble-heads» en soulignant la justesse des propos de leurs «cheufs». Tant que ça fait une belle image, que demander de plus?

Du contenu, peut-être…

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Il y a deux semaines, je mettais en doute la présence de candidats-vedettes à la CAQ.

Je me suis trompé. Avec l’arrivée de Jacques Duchesneau dans le portrait, on peut utiliser le mot «impact». Surtout quand François Legault doit réparer les dégâts après une demi-journée de campagne.

Tout un impact…

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J’arrive de mon pèlerinage annuel à New York, là où on se fait maintenant prendre en photo avec des mascottes en peluche au beau milieu de Times Square. Dire qu’avant, on risquait de manger une tape sur la gueule quand on avait le malheur de croiser le regard de celui qui nous dévisageait, lui, sans aucun scrupule. Le Manhattan moderne, à Broadway du moins, tient dorénavant davantage de Disney World. Certains préfèrent, d’autres non. Moi, bof… Ce que je sais, c’est que la nouvelle donne nous offre quand même l’occasion d’assister à des épisodes qui tiennent du surréel. Un exemple?

La scène se passe jeudi après-midi, dans un deli typiquement new-yorkais. Un client-touriste s’installe seul à une table et commande un cheese-cake. Un coup servi, il sort son appareil numérique et commence à photographier son gâteau sous tous les angles possibles. À la table d’à côté, un autre client, qui a un peu envie de se foutre de sa gueule, lui demande : «Voulez-vous être pris en photo avec votre gâteau?» Et le client-touriste de répondre : «Vous feriez ça pour moi? Trop aimable.  Mais bien sûr que j’aimerais ça…»  Conclusion : New York est clairement moins dangereux qu’avant… mais pas nécessairement moins weird.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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