TLMEP: «Ce ne sont pas les médecins qui ont besoin d’argent»
L’argent qui doit servir à augmenter le salaire de médecins spécialistes, soit 2 G$ sur 10 ans, devrait être investi ailleurs dans le réseau de la santé, jugent des médecins qui sont venus dimanche sur le plateau de Tout le monde en parle.
«Ce ne sont pas les médecins qui ont besoin du plus d’argent dans le réseau présentement. Il y en a pas mal qui seraient d’accord avec [un gel de salaire]», a soutenu l’urgentologue Alain Vadeboncœur, qui a dit ne pas avoir besoin de «plus d’argent», mais plutôt souhaiter que le «réseau fonctionne mieux».
«Il y a des médecins qui m’ont dit qu’ils partageaient mon point de vue mais n’avait pas le temps de le manifester dans les médias», a ajouté l’étudiant en médecine, Frédéric Cloutier, qui avait écrit dans une lettre ouverte avoir honte de devenir médecin.
Si cet argent n’était pas versé aux médecins, irait-il vraiment dans le réseau? s’est toutefois questionné M. Vadeboncœur. «En 2007, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) avait accepté de remettre 400 M$ dans le réseau. Est-ce que le gouvernement les a mis dans le réseau? Ce n’est pas clair», a-t-il rappelé.
Le président de l’Association médicale du Québec, Hugo Viens, a illustré ces propos en parlant de la détresse que vivent certaines infirmières ou des préposés aux bénéficiaires. «Nos sorties ont fait du bien à beaucoup de nos collègues. C’est reçu de façon positive», a-t-il dit. M. Viens croit que de la façon dont les modes de rémunération sont construits, il est difficile «d’être agile» dans la gestion des soins de manière plus interdisciplinaire.
MM. Vadeboncœur et Viens n’ont pas voulu critiquer le travail de la présidente de la FMSQ, Diane Francœur, qui a refusé d’émettre des commentaires depuis que l’entente a été annoncée. «Je ne vois pas pourquoi on pourrait être en froid, on veut l’amélioration du système», a résumé Hugo Viens.
M. Vadeboncœur a tenu à spécifier que tout n’était pas noir dans cette entente. «C’est difficile d’en parler de façon nuancée. Le gouvernement a quand même sauvé 3 G$ par rapport à l’entente initiale», a-t-il expliqué.
S’il croit qu’avec cette entente, «on sent que le contrat social a été brisé» entre médecins et patients, Hugo Viens ne vit pas avec des critiques au jour le jour dans sa clinique. «Le reproche est plus associé à la communauté médicale, plus qu’à notre docteur», a-t-il rapporté.