Trudeau innocente six chefs autochtones exécutés
OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a innocenté lundi six chefs autochtones exécutés par le gouvernement colonial de la Colombie-Britannique il y a plus de 150 ans.
M. Trudeau s’est levé à la Chambre des communes en après-midi pour innocenter les chefs tsilhqot’in, qui avaient été pendus dans la foulée d’une confrontation avec des Blancs qui construisaient une route, en 1864.
Après la mort des ouvriers, cinq chefs se sont présentés pour, croyaient-ils, participer à des négociations de paix avec des représentants du gouvernement. Ils ont plutôt été arrêtés, jugés et pendus. Un sixième chef a été pendu l’année suivante.
La nation des Tsilhqot’in prétend depuis longtemps que le gouvernement n’avait pas l’autorité de pendre les chefs en tant que criminels et présente le conflit comme un affrontement entre peuples en guerre.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique s’est excusé pour les exécutions en 1993 et a installé une plaque commémorative sur le lieu des pendaisons.
«Aujourd’hui, notre gouvernement reconnaît ce que le gouvernement colonial de l’époque refusait d’accepter, que ces six chefs étaient des leaders et des guerriers de la nation tsilhqot’in et que le peuple tsilhqot’in qu’il dirigeait conservait son droit sur un territoire qui n’avait jamais été cédé», a déclaré M. Trudeau, alors que six chefs en fonction de la Première Nation de la Colombie-Britannique écoutaient à la Chambre des communes.
«Pour signifier de manière décisive notre engagement envers la réconciliation, nous confirmons sans équivoque que le chef Lhats’as?in, le chef Biyil, le chef Tilaghed, le chef Taqed, le chef Chayses et le chef Ahan sont entièrement exonérés de tout crime et de tout méfait», a affirmé le premier ministre.
M. Trudeau a dit avoir hâte de se rendre sur le territoire tsilhqot’in durant l’été à l’invitation du conseil de la nation pour livrer une déclaration innocentant les six chefs directement devant les membres de la communauté.
À plusieurs moments durant le discours lu en Chambre, les députés ont applaudi vigoureusement, amenant les chefs à brandir des plumes en guise de salut.
Dans la réponse de l’opposition officielle, la députée Cathy McLeod, porte-parole conservatrice en matière d’affaires autochtones, a affirmé que les six chefs de guerre avaient fait ce que quiconque aurait fait dans la même situation — défendre leurs terres, leur famille et leur mode de vie.
«Des moments comme celui-ci ne peuvent pas renverser les comportements d’une autre époque. Nous pouvons néanmoins reconnaître l’impact durable et profond que des actions passées ont eu et des plaies qui n’ont pas été guéries», a dit Mme McLeod aux Communes.
Guy Caron a offert l’appui des néo-démocrates à la mesure pour innocenter les six chefs et a dit qu’elle était attendue depuis longtemps, en plus d’appeler à la création d’une journée canadienne des peuples autochtones comme congé férié.