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Un militaire haut gradé en cour pour fuite d’informations

Justin Tang / La Presse Canadienne Photo: Justin Tang
Mylène Crête, La Presse canadienne

OTTAWA — L’un des militaires les plus hauts gradés au pays a comparu brièvement en cour, mardi, pour avoir prétendument enfreint la loi en révélant des informations confidentielles au chantier maritime Davie, à Lévis.

Le vice-amiral Mark Norman a été accusé le mois dernier d’abus de confiance à la suite d’une enquête criminelle de deux ans sur le dévoilement allégué de renseignements confidentiels du cabinet fédéral.

«J’ai hâte d’aller en cour pour en finir avec tout ça le plus rapidement possible et retourner servir les Canadiens», a-t-il dit à sa sortie du Palais de justice.

Le vice-amiral s’est présenté en uniforme avec son avocate, Marie Henein, qui s’est fait connaître au cours des dernières années pour avoir défendu l’ex-animateur de CBC, Jian Gomeshi.

Celle-ci a dit à la cour que la divulgation de la preuve par la Couronne était pratiquement achevée et qu’elle attendait avec impatience le début des audiences.

M. Norman, qui a toujours réfuté tout geste inapproprié, comparaîtra à nouveau en cour le 15 mai pour l’établissement d’un calendrier pour son procès. Il risque une peine maximale de cinq ans de prison.

«Il est temps d’aller en cour pour tester la preuve, a déclaré Me Heinen. Je ne plaide pas mes causes sur les marches du Palais de justice. Je les plaide en cour et c’est ce que nous sommes prêts a faire. Nous voulons aller de l’avant pour que les gens sachent exactement ce qui est au coeur de cette cause.»

Lorsque M. Norman a été questionné à savoir s’il se sentait comme le bouc émissaire du gouvernement et de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), son avocate a répondu pour lui: «Je crois que ça va de soi, n’est-ce pas ?»

Le vice-amiral Norman, qui était le numéro un de la Marine et le numéro deux de l’état-major canadien, avait été suspendu en janvier 2017, sans explication publique.

La GRC soupçonnait le vice-amiral d’avoir remis à la Davie, en novembre 2015, des documents confidentiels du cabinet parce que le grand patron de la Marine craignait que le gouvernement libéral nouvellement élu abandonne un important contrat de navire militaire de 700M$.

Davie avait été mandaté pour la conversion d’un porte-conteneurs civil, l’Astérix, en navire de ravitaillement temporaire qui serait loué pendant cinq ans, avec une option supplémentaire de cinq ans, jusqu’à ce que de nouveaux ravitailleurs soient construits à Vancouver.

M. Norman était commandant de la Marine à ce moment et, selon des documents de cour, collaborait avec le chantier Davie pour tenter de presser le gouvernement à maintenir le projet.

Aucune des allégations contre le vice-amiral n’a été mise à l’épreuve en cour.

Le gouvernement libéral fédéral a ultimement décidé d’aller de l’avant avec le contrat de rénovation, et l’Astérix a été livré à la Marine en décembre.

Le premier indice d’une enquête est apparu en janvier 2017 avec la suspension de M. Norman comme vice-chef de l’état-major. Néanmoins, on ignorait pourquoi M. Norman avait été relevé de ses fonctions. Ce n’est que quelques mois plus tard que plusieurs médias ont réussi à obtenir le droit de consulter les documents de cour détaillant le dossier de la GRC.

L’avocate de M. Norman, Marie Henein, a qualifié le mois dernier le dépôt d’accusation de «triste journée pour un Canadien exceptionnel».

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