Les sept péchés politiques d’Alexandre Taillefer
À l’instar des annonces de Michelle Blanc, Muguette Paillé et autres Vincent Marissal, celle afférente à la venue d’Alexandre Taillefer a, pour des raisons distinctes, souffert de son lot d’eau dans le gaz.
Étant légèrement au parfum de l’affaire, j’étais pour le moins curieux de constater, de visu, les lignes de communication employées. Comment l’entrepreneur arrimerait son bagage et expérience avec le zoo, souvent délétère, de la politique partisane.
Pourquoi écrire là-dessus? Parce que contrairement au spin donné, faudrait être drôlement naïf pour y voir autre chose qu’une première étape d’une nouvelle carrière. Et qu’être président de campagne du parti au pouvoir n’est ni insignifiant, ni symbolique. Surtout lorsqu’on «lobby» ce dernier afin de faire progresser (sans jeu de mots) nos intérêts corporatistes. Et que l’on a publiquement admis son intention de devenir chef, à la première occasion utile, du parti en question. Retour sur quelques erreurs, étonnantes, commises par la recrue la plus en vue du paysage politique québécois:
1) Se joindre au Parti libéral parce qu’il serait progressiste
Sûrement le propos qui lui aura attiré le plus de railleries. Progressiste, le PLQ? Compte tenu des coupures et gel des dépenses lors de la première portion du présent mandat, disons qu’il s’agit d’une affirmation un peu carrée, pratiquement loufoque. S’il est vrai que certaines mesures plus à gauche ont été prises depuis (merci à certains éléments du parti, notamment les ministres Melançon et David), reste que les libéraux demeurent, particulièrement dans l’imaginaire populaire, un parti de droite assumé. De s’obstiner à prouver le contraire en plaidant que «l’une des décisions qui m’a convaincu que le PLQ est progressiste est que le salaire minimum a été augmenté non pas de 50 cents, mais de 75 cents» relève, avouons-le, d’un manque senti de respect pour l’intelligence citoyenne. Il aurait été plus avisé, à mon sens, de prétendre vouloir contribuer à la recentralisation des politiques du parti.
2) Collectionner les cartes de membres
Celle-là m’a farouchement surpris. Tu souhaites faire de la politique active et tu adhères ou contribues à la presque totalité des partis? Pas très sérieux. On ne parle pas de cartes de hockey, ici, mais bien d’actes censés témoigner de convictions sincères. Le pire? Feindre la surprise une fois notre collection étayée dans les médias, conclusion pourtant inévitable. Bref.
3) Exercer des activités de lobbyiste auprès du parti au pouvoir
Pas très subtil. Et prétendre ne pas y voir de conflit d’intérêts du fait de ne pas «être chef de parti ou ministre», flèche tirée en direction de Pierre-Karl Péladeau? Quand même. Une petite gêne aurait été de mise. Surtout lorsqu’on sait que la plupart des subventions obtenues par ses entreprises et projets ont été accordées par divers gouvernements libéraux, et qu’un président de campagne côtoie, par définition, l’ensemble des décideurs et influenceurs de l’appareil.
4) Affirmer vouloir lutter contre un gouvernement de droite économique….et se présenter au PLQ
Voir, pour l’essentiel, le point 1). Et ajoutons ceci: selon Taillefer, l’ennemi à abattre serait ainsi la CAQ. Tellement dangereuse et néfaste qu’il avait joint celle-ci il y a quelque temps à peine…
5) Admettre vouloir devenir premier ministre
Premier ministrable, Taillefer? Son curriculum d’entrepreneur témoigne manifestement de réalisation d’intérêts.
Cela dit, de marquer son arrivée en politique en soulignant candidement une telle est non seulement d’une agaçante prétention, mais révèle une forte incompréhension du jeu politique. Un peu comme divulguer à tout un chacun, au début d’une partie de poker, l’ensemble de son jeu.
6) Remettre en doute l’impartialité des chroniqueurs de Québecor
Assez vache, quand même. Pour y avoir plusieurs amis, je témoigne que ceux-ci pensent parfaitement ce qu’ils écrivent. Que l’on soit d’accord ou non. D’ailleurs, pour un propriétaire de médias, sa méconnaissance des paramètres du job de chroniqueur étonne. Celui-ci donne une opinion qui, par définition, peut difficilement être autre chose que…partiale. Livrer une opinion neutre? Concept révolutionnaire. Et dans tous les cas, lancer des roches du genre aux médias semble, pour un politicien, une bien drôle d’idée. Surtout quand celui qui reçoit les roches s’appelle PKP. Bonne chance.
7) Prétendre en conférence de presse ne pas être «le Superman de la politique»
Thanks for saying.