Colombie-Britannique: Dernière à parler couramment sa langue autochtone
ROSEDALE, C.-B. — Elle a beau être la dernière à parler couramment sa langue autochtone, Elizabeth Phillips se dit plus persuadée que jamais que sa langue maternelle survivra.
La femme de 79 ans, de la nation Sto:lo, en Colombie-Britannique, devait recevoir mercredi un diplôme honorifique de l’Université de la vallée du Fraser pour saluer ses efforts afin de préserver la langue halq’eméylem parlée jadis par ces Autochtones qui vivent dans la vallée. Elizabeth Phillips, dont le nom Sto:lo est Siyamiyateliyout, se verra décerner un doctorat honoris causa en lettres, lors de la cérémonie annuelle de collation des grades.
Elle raconte aujourd’hui qu’elle a vécu et respiré la langue halq’eméylem toute sa vie, au point où elle tenait des conversations imaginaires avec ses parents pendant son «séjour» dans un pensionnat catholique pour Autochtones à Mission, de 1947 à 1954. Selon Mme Phillips, les élèves étaient alors punis lorsqu’ils parlaient leur langue maternelle, et plusieurs n’ont pas conservé cette langue après le pensionnat.
Mme Phillips croit que son attachement à sa langue maternelle a ressurgi au début de la trentaine: les dirigeants de sa communauté, sachant qu’elle parlait anglais et halq’eméylem, lui ont demandé de se joindre à un cercle d’aînés pour enregistrer et traduire la langue autochtone.
Elle se rappelle que 17 différents dialectes de la langue halq’eméylem ont été enregistrés alors. L’halq’eméylem était une langue orale, mais ce groupe d’aînés a réussi à rédiger un dictionnaire et à élaborer un système d’écriture, ce qui a contribué à assurer sa préservation.
La dame a ensuite pu se concentrer sur le développement de cette langue lorsqu’elle travaillait au Centre d’éducation culturelle Coqualeetza, à Chilliwack, au cours des années 1980. Le centre se consacre à la promotion, la préservation et l’interprétation de la langue, du style de vie, des traditions et du patrimoine de la nation Sto:lo. Une linguiste a aussi filmé Mme Phillips dans sa langue maternelle, afin de permettre aux élèves de voir comment les muscles se déplacent dans la bouche pour produire certains sons.
Mme Phillips se réjouit par ailleurs que sa fille et son petit-fils donnent tous les deux des cours de langue halq’eméylem, et que son arrière-petite-fille ait récemment fait un exposé en halq’eméylem devant sa classe de collège.