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«L’internet des vaches»: l’intelligence artificielle au service des fermiers

cropped shot of male farmer sing digital tablet with blank screen in cowshed Photo: Getty Images/iStockphoto
Ross Marowits, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Préparez-vous pour l’«internet des vaches».

Des générations d’agriculteurs misent sur la transmission d’un savoir-faire et d’une expertise familiale pour cultiver des aliments, mais le secteur s’approche d’un point de rupture marqué par une technologie canadienne d’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle aide déjà les producteurs agricoles à travers le pays pour améliorer les rendements, réduire les coûts et minimiser les impacts sur l’environnement.

Par exemple, au lieu d’étendre des fertilisants partout sur des acres de champs ou d’arroser d’herbicides des vergers entiers, les producteurs peuvent maintenant cibler des endroits précis pour maximiser les interventions.

SomaDetect Inc., de Fredericton au Nouveau-Brunswick, se prépare à distribuer l’automne prochain des systèmes commerciaux qui vont permettre d’analyser le lait à la ferme.

Le producteur obtiendra des rapports produits à l’aide de l’intelligence artificielle pour l’aider à maximiser sa rentabilité. Ils pourront aussi surveiller leurs troupeaux grâce à l’«internet des vaches».

Des senseurs installés dans chaque box de l’étable permettent d’identifier chacune des vaches, d’analyser leur lait et d’informer rapidement le producteur avec des données sur la teneur en protéines et en gras, la présence de maladie, le taux d’hormones liées à la reproduction et la présence de résidus antibiotiques.

«Nous en sommes à la quatrième révolution en agriculture et l’intelligence artificielle est absolument essentielle», soutient la cofondatrice de l’entreprise Bethany Deshpande.

Cependant, Mme Deshpande reconnaît que la technologie en est à ses balbutiements alors que les agriculteurs commencent à peine à se familiariser avec le potentiel d’amélioration qu’elle peut générer sur leurs opérations.

La firme montréalaise Motorleaf Inc. a mis au point un système capable d’accumuler des données sur la production en serre puis à se servir de l’intelligence artificielle et d’algorithmes d’apprentissage machine pour identifier des courbes de croissance à l’intérieur de la serre.

Ces informations peuvent ensuite permettre d’aider à prévoir la valeur des futures récoltes.

Pour le président Alastair Monk, qui a cofondé Motorleaf il y a deux ans avec l’ingénieur agricole Ramen Dutta, c’est comme fournir un assistant virtuel aux cultivateurs.

«Tous ces ingrédients sont mélangés dans une grande soupe et au bout de la chaîne il sort un algorithme spécifique à la serre, qui permet de prendre des décisions éclairées plutôt que d’y aller au hasard et de prendre des risques», décrit M. Monk.

La prévision des récoltes est cruciale pour les maraîchers, car elle indique le volume disponible en prévente.

Les méthodes traditionnelles procurent des résultats variables de 20 à 30% par rapport à la véritable récolte parce que les cultivateurs font leur estimation totale en multipliant le nombre de légumes, de feuilles et de fleurs dans une petite partie de leur production.

Les serres californiennes SunSelect, qui produisent des tomates, ont abandonné les prédictions manuelles après que l’algorithme de Motorleaf leur a permis de doubler la précision des estimations hebdomadaires. L’entreprise a ainsi pu réaliser d’importantes économies, selon Motorleaf.

Les systèmes utilisant l’apprentissage machine sont capables de réaliser des millions de calculs pour déceler des caractéristiques imperceptibles pour l’humain et qui sont nécessaires pour l’ensemencement ciblé, les véhicules autonomes et la robotique, décrit Graham Taylor, professeur associé en génie à l’Université de Guelph et membre de la faculté du Vector Institute spécialisé en intelligence artificielle.

L’utilisation de l’intelligence artificielle en agriculture attire l’attention un peu partout sur la planète en raison du besoin de nourrir de plus en plus de gens tout en devant s’adapter à des pénuries d’eau et aux changements climatiques.

Une combinaison de drones et d’intelligence artificielle a aidé à soulager la pression sur les récoltes de pistaches et d’amandes en Californie en permettant d’irriguer seulement les endroits précis où cela était nécessaire, donne en exemple le président de la torontoise Deveron UAS, David MacMillan.

Cette même technologie peut servir aux larges champs de maïs en Ontario ou au Québec pour cibler l’utilisation de fertilisants.

Deveron UAS a tissé l’un des plus grands réseaux de drones en Amérique du Nord.

Le gouvernement fédéral a prévu une enveloppe de 950M$ pour financer des innovations technologiques mises de l’avant par des «supergrappes» et stimuler la coopération entre les institutions d’enseignement et les entreprises.

L’une des «supergrappes», formée dans les Prairies, est dédiée à l’agriculture et a pour but d’aider à faire du Canada un grand producteur de protéines végétales.

Ces nouveaux moyens techniques pourraient cependant entraîner la disparition de nombreux emplois agricoles. Les robots peuvent déjà traire les vaches, récolter des pommes et désherber.

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