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Projet du CN dans le Nord: les Innus inquiets

MONTRÉAL – Les communautés innues d’Uashat et de Maliotenam, près de Sept-Îles, demandent aux gouvernements de procéder à une évaluation environnementale «complète et approfondie» du projet de chemin de fer que le Canadien National (TSX:CNR) et la Caisse de dépôt et placement du Québec veulent faire construire dans le Nord-du-Québec.

Dans un communiqué diffusé jeudi, les Innus préviennent que le CN devra obtenir leur consentement avant d’aller de l’avant avec ce projet évalué à plus de 5 milliards $.

Ils déplorent que l’entreprise montréalaise ne les ait pas consultés jusqu’ici.

«Le CN parle de son projet au monde entier sans le faire avec les principaux intéressés», a lancé le chef des deux communautés, Georges-Ernest Grégoire.

«Puisque le CN ne semble pas souhaiter obtenir le consentement (des communautés d’Uashat et de Maliotenam), nous nous opposons au projet, a-t-il ajouté. Le CN doit comprendre que nous ne sommes plus à l’époque des années 1950 quand des compagnies pouvaient impunément violer nos droits.»

Dans un rapport déposé à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE), la firme d’ingénierie Genivar indique que les chefs des communautés d’Uashat-Maliotenam et de Matimekush-Lac-John ont participé à une rencontre sur le projet en compagnie de représentants du CN et du Chemin de fer Tshiuetin. Il ne s’agissait toutefois pas de consultations en bonne et due forme.

Quoi qu’il en soit, les Innus souhaitent qu’une commission d’examen conjointe regroupant le gouvernement fédéral, le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador se penche sur le projet. Pout l’instant, l’ACEE, qui relève d’Ottawa, est le seul organisme gouvernemental à avoir été saisi du dossier.

L’ACEE n’a pas encore décidé si elle allait mener ou non une évaluation environnementale de ce projet. Elle sollicite actuellement les commentaires du public à ce sujet.

«Tous les projets de développement au Canada, plus particulièrement les mégaprojets comme celui du CN, doivent faire l’objet d’évaluations environnementales complètes et approfondies, s’inscrire dans le cadre du développement durable, passer le test de l’acceptabilité sociale et absolument se faire dans le respect des droits des peuples autochtones», a martelé le chef Grégoire.

Le lien ferroviaire projeté, d’une longueur d’un peu plus de 500 kilomètres, relierait Sept-Îles à Labrador City. Il desservirait les futures mines de fer actuellement en cours de développement dans la fosse du Labrador.

Outre les Innus d’Uashat, de Maliotenam et de Matimekush-Lac-John, les Naskapis de Kawawachikamach, les Innus de Betsiamites et des communautés autochtones du Labrador pourraient être touchées par la construction du chemin de fer.

Le mois dernier, le CN et la Caisse de dépôt ont conclu des ententes avec six minières en vue d’entreprendre une étude de faisabilité du projet.

Si tout va comme le souhaitent les promoteurs, les travaux de construction seraient lancés au début de 2014 et dureraient entre un an et demi et trois ans. Le premier tronçon pourrait être mis en service en 2016.

Trois liens ferroviaires desservent actuellement la fosse du Labrador: le Chemin de fer QNS&L (Sept-Îles—Labrador City), qui appartient à la Compagnie IOC (filiale du géant Rio Tinto), le Chemin de fer Cartier (Port-Cartier—Fermont), propriété d’ArcelorMittal, et le Chemin de fer Tshiuetin (Labrador City-Shefferville), qui appartient aux Innus et aux Naskapis.

Il a été impossible d’obtenir la réaction du CN ou de la Caisse à la sortie des Innus, jeudi.

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