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Des organismes s’insurgent contre l’intervention municipale en environnement

Landscape view of a freshly growing agriculture vegetable field. Photo: Getty Images/iStockphoto
Caroline St-Pierre, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Des organismes environnementaux dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une offensive du monde municipal pour ralentir les mesures de lutte aux changements climatiques et à la protection de l’environnement, notamment en réclamant une augmentation de l’offre autoroutière et des assouplissements à la Loi sur la protection du territoire agricole.

À quelques semaines du déclenchement de la prochaine campagne électorale provinciale, les organisations — la Fondation David Suzuki, Nature Québec, Vivre en ville et Équiterre — lancent un appel aux différents partis politiques de ne pas céder aux demandes des municipalités qui pourraient nuire à l’environnement.

«Il ne faut pas céder au chant des sirènes ou au chantage d’une partie du monde municipal et oublier les objectifs que le Québec doit se donner dans son ensemble. On ne peut pas sacrifier la lutte aux changements climatiques tout simplement parce que dans un certain nombre de municipalités, il y a des gens qui voudraient développer des autoroutes ou poursuivre l’étalement urbain», a indiqué le directeur général de la Fondation Suzuki, Québec et Atlantique, Karel Mayrand.

Les organismes dénoncent notamment que certaines municipalités et municipalités régionales de comtés (MRC) ciblent des terres agricoles pour des usages autres qu’agricoles.

Ils soulignent que sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal à lui seul, plus de 1000 hectares agricoles sont ainsi ciblés par les municipalités et MRC.

«Il y a une campagne pour modifier cette loi-là pour qu’elle soit plus permissive, pour qu’on fasse plus de développement sur les terres agricoles. Ça, ça nous inquiète beaucoup», a affirmé le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard.

Le directeur général de Nature Québec, Christian Simard, affirme de son côté qu’à l’approche des élections, le gouvernement «plie devant les 300 résolutions municipales pour affaiblir la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques».

Les organisations dénoncent également les réclamations pour une augmentation de l’offre autoroutière au Québec, donnant pour exemple «le troisième lien de Québec et Lévis, les prolongements ou élargissements des autoroutes 13, 15, 19, 25, 30, 440, 640 dans la région de Montréal». Des demandes qui aggraveront la congestion routière et augmenteront les émissions de gaz à effet de serre, selon le directeur général d’Équiterre, Sidney Ribaux.

Plus petit dénominateur

«Le milieu municipal, c’est un monde de forte concurrence. Tout le monde se bat un peu pour attirer le développement, attirer des entreprises, attirer des nouvelles résidences afin d’avoir des taxes foncières. C’est pour ça qu’il faut qu’il y ait des règles communes, parce que s’il n’y a pas de règles communes, ça va être le plus petit dénominateur qui va l’emporter. C’est-à-dire que si les règles communes ne sont pas assez exigeantes à travers les lois, à travers les règlements, ton voisin va toujours en demander moins pour être celui qui attire», a noté Christian Savard.

Karel Mayrand aborde dans le même sens, estimant qu’accorder la pleine autonomie des municipalités en aménagement du territoire, comme certaines le réclament, fera en sorte de pénaliser les villes qui souhaitent favoriser le développement durable.

«À partir du moment où on laisse l’autonomie aux municipalités, les municipalités qui ont les normes les plus faibles en matière d’environnement vont être celles qui vont attirer le plus de nouveaux ménages ou le plus de nouvelles entreprises. Alors que celles qui veulent faire les choses correctement pour le développement durable, l’environnement, celles-là vont perdre. Donc, accorder de l’autonomie complète aux municipalités, ça crée une course vers le fond et ça pénalise injustement les municipalités qui, elles, décident de prendre de bonnes décisions en matière d’aménagement et de protection du territoire.»

La Fédération québécoise des municipalités (FQM) s’est désolée des dénonciations des groupes environnementaux, les accusant d’«échafauder des théories qui ne correspondent pas à la réalité».

«L’autonomie des municipalités et des MRC n’entre pas en contradiction avec la protection de l’environnement et du territoire agricole», a-t-elle assuré par communiqué.

La FQM note l’adoption par la majorité des MRC, au cours des dernières années, d’un plan de développement de la zone agricole (PDZA), afin de concilier l’aménagement du territoire avec le développement et la protection des activités agricoles.

«Il y a vraiment une méconnaissance des réalités des municipalités et des régions du Québec. Ces groupes insinuent bêtement que, parce que nous souhaitons une révision de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, une loi qui date de 40 ans, cela signifie que nous n’avons pas à coeur la protection du territoire agricole. C’est tout le contraire», a affirmé le président de la FQM, Jacques Demers.

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