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Soutenir les aidants naturels

Photo: Getty Images/Ingram Publishing

Je vis présentement avec ma tante et ma grand-mère à Mistissini, une communauté crie à environ 50 mi­nutes de Chibougamau. Trois mois à Montréal, c’était assez, et la canicule m’a convaincue de partir quelques mois à la maison. Vivre avec une aînée de 89 ans comporte ses fous rires, ses inquiétudes et une certaine routine. J’aime la voir tricoter et lui montrer le perlage que je fais. Écouter BBC Earth avec elle est un divertissement en soi; sa vision est mauvaise et elle pense que les phoques sont des poissons, les léopards, des lynx et les pingouins, des huards. Je me réveille chaque matin au son d’une langue millénaire et j’apprécie chaque moment. Guhkum, quand elle parle, c’est une œuvre d’art en soi.

Ma tante travaille à temps plein et mon oncle est en rémission de cancer. À deux, ils s’occupent de ma grand-mère avec amour et beaucoup de patience. Le lien qui nous unit à nos aînés ici est très différent, donc les services offerts pour eux le sont aussi. Il y a deux ans, lorsque Guhkum a fait un épisode de démence sévère, un infirmier l’a suivie régulièrement. Il ne vient pas d’ici, mais est capable de s’exprimer un peu en eeyou iyimun, ce qui fait sourire ma grand-mère. Il est revenu à son ancien poste, donc il se déplace à la maison régulièrement pour faire les suivis nécessaires, accompagné d’un employé qui vient de la communauté. Ils la font rire et rendent les procédures comme les prises de sang un peu plus agréables.

Les services à domicile sont assez efficaces ici. Si nous sommes tous partis durant la journée, nous avons aussi l’option de déposer ma grand-mère au centre pour personnes âgées pendant quelques heures. Les services sont flexibles et ça rend la vie plus facile à ma tante. La machine à oxygène qu’elle utilise la nuit était capricieuse. Ils sont venus la chercher, l’ont changée et sont venus la vérifier après. Il y a même un département pour eux dans la clinique, de même que pour les jeunes. L’infirmier québécois m’a même proposé de me servir en cri, en anglais ou en français. Si certains travailleurs de l’extérieur ne se mêlent pas à la communauté, certains le font et c’est bien de voir qu’ils le font par amour pour leur travail et par respect pour nous.

J’ai beaucoup pensé aux aînés qui vivent seuls et isolés pendant la canicule. Comme ça ne sera pas la dernière, passez un petit coup de fil à vos grands-parents lorsqu’il fait chaud. À défaut de tous avoir un aidant naturel, si seulement tous les aînés pouvaient bénéficier de services comme ceux offerts sur le territoire cri, ce serait fantastique. Je regarde ma grand-mère et j’ai un sourire un peu niais, car savoir qu’elle est autant aimée me rassure. Mon père a déjà dit que le cœur de ma grand-mère est un grand territoire où nous vivons tous. Je pense que c’est une phrase que certains devraient retenir lorsqu’ils prétendent refaire le système de santé.

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