Choix de ministres: le PQ raille ses adversaires
MONTRÉAL — Alors que le chef des libéraux et celui de la CAQ ont commencé à annoncer qui seraient leurs futurs ministres, le chef péquiste Jean-François Lisée les a raillés, soulignant que ses adversaires en sont déjà rendus à piger dans leurs deuxièmes choix pour les postes ministériels.
Et puis, choisir des ministres avant l’élection — et dans les premiers jours de campagne — est pour le moins inhabituel, juge-t-il.
«Être tenus pour acquis, les Québécois n’aiment pas ça», a-t-il lancé vendredi. Le chef libéral, Philippe Couillard, et le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, présument du résultat de l’élection, à son avis.
«Ce n’est pas dans la poche. Ne faites pas tout de suite vos conseils de ministres, n’achetez pas vos nouveaux rideaux pour le logement du premier ministre», leur a-t-il dit «amicalement».
Le chef des péquistes a tenu ces propos vendredi après-midi, dans un marché public de Laval. Il y a pris un bain de foule et a répondu aux questions des journalistes.
«Là, on est vraiment aux deuxièmes choix». Peut-être même au troisième choix pour M. Legault, a -t-il ajouté. Nous, on est toujours sur nos premiers choix».
Son équipe santé sera notamment composée de Diane Lamarre, pharmacienne et porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de santé, d’Éric Tremblay, vice-président de l’organisme Médecins québécois pour un régime public, et de Diane Lavallée, l’ancienne présidente de la Fédération des infirmières du Québec.
Sur les deuxièmes choix des deux chefs, M. Lisée a fait valoir qu’il n’y a pas si longtemps, M. Couillard disait tout le bien du monde de son ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Pourtant, il placerait maintenant plutôt en poste Gertrude Bourdon, la PDG du CHU de Québec, qui a défrayé les manchettes au cours des derniers jours et à qui il aurait offert le poste de ministre. Il a aussi promis le Conseil du trésor à M. Barrette.
Le chef caquiste, qui avait envisagé Mme Bourdon comme ministre de la Santé avant qu’elle ne change de cap, semble maintenant se tourner vers la candidate Danielle McCann, pressentie pour ce poste.
Interrogé à savoir si ses adversaires agissaient de la sorte parce qu’ils étaient sûrs de l’emporter le 1er octobre — une position qui n’est actuellement pas la sienne puisqu’il est troisième dans les sondages — M. Lisée a rétorqué que les Québécois n’aiment pas les gens «trop confiants» ni ceux qui décident pour eux.
Les fournitures scolaires
Plus tôt vendredi, la campagne péquiste avait fait une promesse électorale visant àfaciliter la vie des parents d’élèves.
Le PQ propose en effet de demander à chaque école primaire et secondaire d’offrir aux parents la possibilité d’obtenir directement cahiers, crayons et cartables.
Les parents ne seraient toutefois pas obligés d’adhérer à cette mesure. Mais s’ils l’adoptent, leur facture devrait être moins élevée, disent les péquistes.
«C’est de plus en plus cher, s’est insurgé le chef Lisée, à cause des compressions, de l’austérité libérale».
En cette deuxième journée de campagne électorale, le PQ a poursuivi son offensive pour séduire les familles, mais aussi les électeurs de Montréal et de ses couronnes nord et sud. Car après un début de journée dans la métropole, l’équipe s’est dirigée vers Chambly, puis à Laval. Elle était aussi restée dans la grande région montréalaise la veille.
Et, pour une seconde journée consécutive, la colorée caravane péquiste s’est rendue dans des circonscriptions qu’elle veut ravir à ses adversaires. Vendredi matin, l’annonce concernant les fournitures scolaires a été faite dans Gouin, détenue par Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire (QS), à qui le PQ dispute souvent le titre de parti des politiques prosociales. Les circonscriptions visitées en après-midi sont aux mains des libéraux, et la soirée s’est terminée avec un rassemblement de militants dans la circonscription de Laval-des-Rapides.
«Comme hier (jeudi), on est dans des comtés qu’on veut prendre», a déclaré Jean-François Lisée.
Sur sa mesure concernant les fournitures scolaires, le parti juge l’offre des plus favorables. Car qui dit «achats regroupés dit moindres coûts», fait-il valoir.
«C’est gagnant-gagnant. On produit des économies d’échelle», a commenté la vice-cheffe Véronique Hivon, présente à l’annonce, tout comme la candidate dans Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier.
Fini la pénible chasse au cartable bleu quand tous les magasins les ont vendus et les enfants qui réclament du matériel — plus cher — aux images de leurs films préférés.
Bref, les parents auront le choix entre s’inscrire au forfait «tout prêt», ou prendre les 100 $ actuellement offerts pour les fournitures scolaires et faire leurs achats eux-mêmes.
Les écoles pourraient d’ailleurs se regrouper, notamment sous la forme de coopératives scolaires, afin d’offrir ce service aux parents.
Le PQ estime qu’il s’agit d’une mesure à coût nul qui donnera plus de temps aux familles.
Certaines écoles québécoises offrent d’ailleurs déjà ce service.
Appelé à réagir, le ministre de l’Éducation sortant, Sébastien Proulx, a souligné que l’intention d’un gouvernement libéral est d’embaucher du personnel pour les écoles.
«Mais moi, j’aime mieux embaucher des profs, des orthophonistes, des orthopédagogues qui offrent des services à des enfants plutôt que des gens qui font davantage d’administration», a-t-il précisé.