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La CAQ retire le mot «natalité» de son site web

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes / La Presse Canadienne
Caroline Plante - La Presse Canadienne

VAUDREUIL-DORION, Qc — Le chef caquiste François Legault prétend qu’aucune de ses orientations n’a été changée, même si les mots «pétrole», «gaz de schiste» et «natalité» viennent d’être retirés en catimini du site web de son parti.

En début de campagne, la Coalition avenir Québec (CAQ) s’engageait, sous l’onglet «natalité» de son site web, à soutenir les personnes souhaitant agrandir leur famille.

Parmi les solutions envisagées: une bonification du soutien pour le deuxième et troisième enfant, le rétablissement du programme de procréation assistée et un encadrement pour l’adoption.

Cet énoncé a été retiré le 29 août, a noté le Journal de Montréal. Deux jours plus tôt devant les journalistes, M. Legault avait nié que sa promesse d’offrir aux parents jusqu’à 1216 $ de plus par enfant à partir du deuxième enfant visait à augmenter la population du Québec.

«Est-ce que le but de votre mesure est de stimuler la natalité?», lui avait-on alors demandé.

«Non, c’est d’aider les familles», avait-il rétorqué, en évacuant du même coup de son discours l’idée de protéger l’identité québécoise, pourtant associée à la mesure l’année dernière.

La CAQ affirme aujourd’hui que des modifications ont été faites pour éviter que l’on associe la promesse caquiste à un «bébé-bonus»; l’allocation famille viendrait tout simplement bonifier les allocations familiales déjà existantes pour les familles avec deux enfants ou plus.

Dimanche, à Vaudreuil, le chef caquiste a précisé vouloir éviter de donner des munitions à ses adversaires, qui aiment bien «spéculer», selon lui.

«On a toujours dit que nos allocations famille, c’est pour aider les familles. On a toujours ajouté: « Si ça a un impact favorable sur la natalité, tant mieux ». Il y a des adversaires qui ont utilisé cette dernière phrase pour essayer de modifier notre priorité, mais notre priorité est toujours la même», a-t-il plaidé.

«Il n’y a aucun changement de position, aucun changement de discours», a-t-il renchéri.

Par ailleurs, des médias ont noté que les mots «pétrole» et «gaz de schiste» ont également été biffés, après que les autres partis eurent accusé la CAQ d’être un parti «propétrole» sur les ondes de Radio-Canada.

La CAQ impute le changement à la refonte de son site web, prévue depuis longtemps.

Le parti affirmait récemment dans ses orientations souhaiter une «exploitation responsable du pétrole» et évoquait la possibilité de «l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique» sauf dans les zones densément peuplées.

Il parle désormais «d’exploitation des ressources naturelles» sans faire mention ni de «pétrole» ni de «gaz de schiste».

Pour M. Legault, rien n’a changé. Le parti reste «ouvert» à l’exploitation conventionnelle du pétrole sur l’île d’Anticosti, par exemple, pourvu que le projet soit acceptable aux yeux de la population.

«On importe 10 milliards $ de pétrole par année. Il ne faut pas être hypocrite, a-t-il déclaré. La position est la même, ç’a juste été tout réécrit. Il y a beaucoup d’endroits où ça a été réécrit.»

Le chef libéral Philippe Couillard a promptement réagi. En conférence de presse à Roberval, au Lac-Saint-Jean, il a affirmé que c’était «très révélateur» des méthodes caquistes.

«Ça me dit que, clairement, ils ne sont pas confortables avec certains thèmes et surtout qu’ils n’ont pas de convictions profondes. Quand on est prêt à enlever ces mots, on veut dissimuler le fait, dans le fond, on est un peu favorable à l’industrie pétrolière au Québec ou qu’on vise une approche nataliste.»

Pour le chef péquiste, Jean-François Lisée, il est clair que la CAQ est «le parti pro-pétrole au Québec en ce moment».

Elle a décidé de «cacher ses positions» aux électeurs, ce qui est «très grave», a-t-il maintenu.

«En période électorale, de jouer dans les textes que tu as publiés sur ton site Internet pour informer les gens, et là tu décides de les désinformer, ils ont beaucoup d’explications à donner. Nous, c’est le contraire, si on est élu, il n’y aura plus aucun projet d’exploration ou d’exploitation pétrolière sur le territoire, c’est terminé», a ajouté M. Lisée.

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