La moustache à travers le temps
Au fil du temps, la moustache a tour à tour été chérie, honnie, chouchoutée et ridiculisée. Elle a même été taxée sous Elizabeth 1re. À la veille de l’évènement Movember, voici la petite histoire de ces poils qui ne laissent personne indifférent.
L’homme de Cro-Magnon l’avait facile. Comme il ne possédait pas de rasoir, il n’avait pas à se soucier de sa pilosité faciale. Tout le monde portait la barbe et la moustache; tout le monde était égal.
Dès que l’homme a trouvé le moyen de tailler ses poils, il a mis un doigt dans l’engrenage. De l’Antiquité, où la moustache et la barbe symbolisaient la puissance et la masculinité, à aujourd’hui, où la moustache est devenue la marque de commerce du mouvement hipster, le port – ou le non-port – de la moustache n’est qu’une question de mode. Aussitôt qu’on l’apprécie, on trouve un moyen de la détester. Cette relation en dents de scie dure depuis le début des temps.
Encore aujourd’hui, les poils sous le nez ne font pas l’unanimité. À preuve, Disney n’a autorisé les employés de ses parcs d’attractions à porter la moustache qu’en 2000. Pis encore, la barbe n’a été permise qu’en février de cette année.
Remontons un peu dans le temps. La barbe et la moustache ont d’abord été réservées aux dieux. Les Égyptiens sont souvent représentés sans poils au visage, mais le pharaon, presque un demi-dieu, porte la barbe postiche.
Dans l’Antiquité, tous les hommes arborent fièrement la barbe et la moustache, mais au Moyen-Âge, la mode est aux visages glabres. On souhaite s’éloigner de la bestialité. Et en temps de guerre, on évite ainsi que l’ennemi nous tire les moustaches et la barbichette. Les seuls poilus sont donc les intellectuels et les philosophes. À la fin du XIXe siècle, Friedrich Nietzsche, reconnu pour son imposante moustache, s’inspire peut-être de ses prédécesseurs.
La mode, au fil du temps, a été instaurée par les classes dirigeantes, et la pilosité faciale marquait souvent le statut social. Pour s’élever au rang de «dieu», Hadrien, empereur romain de l’an 117 à 138, est le premier à populariser la barbe. Chaque césar, par la suite, changera la mode de la moustache comme bon lui semble.
Sous Charlemagne, en France, la moustache est épaisse et longue, comme dans Astérix. Plus tard, sous Louis XIII, elle est fine et taillée. En Angleterre, Elisabeth 1re réinstaure la taxe sur la barbe créée par son père Henri VIII. Toute barbe de plus de deux semaines est taxée. Ce n’est pas que la souveraine déteste les poils au visage, mais la barbe et la moustache, très à la mode à l’époque, sont une source de revenus très intéressante pour la couronne.
Aujourd’hui, après une période où le poil a été absent de tous les magazines mode (dans les années 1990), la moustache garde encore une étiquette quétaine, mais ceux qui l’ont remise au goût du jour en prennent grand soin. Comme au début du XXe siècle, on la taille, on la peigne ou on la cire. Cro-Magnon doit se retourner dans sa tombe.
Les dictateurs ont-ils tué la moustache?
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la moustache et la barbe disparaissent des visages des hommes. Historiquement, on remarque qu’après les conflits armés, le poil est banni. On souhaite avoir un visage pur pour se laver des horreurs de la guerre, pour repartir à neuf. En 1945, la moustache est, de plus, fortement liée aux dictateurs, Adolf Hitler et Joseph Staline en tête. Le refus de s’associer à cette image inspire le look clean cut des nouveaux soldats. Exit les poilus!
Moustachus célèbres
Cinq des moustachus les plus célèbres de l’histoire récente :
- Albert Einstein
- Adolf Hitler
- Salvador Dali
- Charlie Chaplin
- Freddie Mercury
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Moi, ma moustache…
Après nous être attardés à la signification de la moustache dans l’histoire, nous avons demandé à trois poilus de nous dire ce que leur moustache représentait pour eux.
Geoffrey Guillin
«Ma moustache représente ma personnalité d’artiste, la continuité de ma vision rétro de la vie, car je suis persuadé d’avoir vécu en 1920. C’est un mélange de folie, de virilité, de coquetterie, mais c’est surtout la sensation qu’elle a toujours été là, en moi…»
Daniel Burke
«Ma moustache, c’était ma façon d’être unique, de montrer une masculinité d’une autre époque. Et comme je vis à Prince George, en Colombie-Britannique, ça me faisait une chose à faire que de l’entretenir!»
Steeve Savignac
«J’aime porter la barbe assez longue, mais je dois faire un stage de six mois en pâtisserie et je me doute que la barbe ne sera pas autorisée. La barbe de trois jours, non merci! Trop mainstream. J’ai opté pour la moustache.»