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Renvoi de migrants: le ministre Blair mêle ses chiffres

Bill Blair. Photo: La Presse canadienne Photo: Bill Blair. Photo: La Presse canadienne

OTTAWA — La confusion entourant le nombre de migrants en situation irrégulière renvoyés du Canada a forcé le ministre de la Sécurité frontalière, Bill Blair, à présenter ses excuses lundi.

Le ministre Blair a prêté le flanc à la critique lors d’une entrevue accordée à Global News au cours du week-end, pendant laquelle il a affirmé que l’«écrasante majorité» des demandeurs d’asile ayant traversé la frontière hors des points d’entrée officiels dans les 21 derniers mois avaient quitté le pays depuis.

Or, les chiffres du gouvernement racontent une tout autre histoire.

Selon des données récemment déposées à la Chambre des communes, les autorités n’ont renvoyé que six des 900 migrants irréguliers arrivés au Canada depuis avril 2017 alors qu’ils devaient être expulsés des États-Unis.

Le nombre total de renvois de migrants en situation irrégulière reste également faible.

Depuis le début de l’année 2017, plus de 34 000 demandeurs d’asile sont entrés au Canada par des points non officiels. À ce jour, seuls 398 d’entre eux — soit environ 1 pour cent — ont été forcés de quitter le pays.

M. Blair a présenté ses excuses lundi après-midi, affirmant qu’il s’était «clairement mal exprimé» en prétendant que la plupart d’entre eux n’étaient plus en sol canadien.

«Ce n’est pas le cas. Ils attendent le règlement de leur demande. Désolé pour la confusion évidente que j’ai provoquée», a-t-il déclaré.

Le ministre a précisé que les agents frontaliers peuvent seulement renvoyer les demandeurs d’asile déboutés après avoir épuisé toutes les options juridiques pour obtenir le statut de réfugié. Pour ce faire, ils peuvent saisir la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, faire appel et recourir à d’autres mesures administratives.

Le Canada a la responsabilité juridique, en vertu des traités des Nations unies, de fournir l’accès à ces recours.

Un système surchargé
Selon Michelle Rempel, porte-parole conservatrice en matière d’immigration, les chiffres suggèrent que le système d’asile du Canada est lourdement surchargé par des personnes qui ne sont pas des réfugiés légitimes.

L’important arriéré de traitement des demandes inciterait des ressortissants étrangers à en tirer profit, sachant qu’ils pourraient attendre en moyenne 20 mois avant que l’on n’examine leur dossier, prétend Mme Rempel.

Elle exhorte de nouveau le gouvernement à renégocier l’Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis, considérée comme un facteur important dans le récent afflux de demandeurs d’asile au Canada.

L’accord empêche les demandeurs d’asile déjà présents sur le territoire américain de demander la protection du statut de réfugié à un point d’entrée officiel du Canada.

La porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d’immigration, Jenny Kwan, réclame pour sa part la suspension de l’entente afin d’éliminer la nécessité de traverser la frontière hors de ces points d’entrée officiels.

«Ça fait presque deux ans et à ce jour, le gouvernement s’en occupe de manière selon moi très ponctuelle et réactionnaire, ce qui n’est clairement pas suffisant», avance-t-elle.

«Plus ils refusent d’agir, plus ils permettent à ceux qui veulent alimenter la division et la peur de continuer, et c’est mauvais pour nous tous.»

Le gouvernement consacrera 74 millions $ au cours des deux prochaines années pour permettre à la commission indépendante qui traite les demandes d’asile d’embaucher plus de personnel.

De plus, Ottawa collabore avec des consulats et des ambassades à l’étranger pour faire comprendre que traverser la frontière de manière irrégulière ne permet pas une «entrée gratuite au Canada».

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