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Les insignes rouges des agents de la SQ dénoncés

Photo: Archives Métro
Sidhartha Banerjee, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’insigne rouge porté par les policiers de la Sûreté du Québec (SQ) pour exprimer leur solidarité envers leurs collègues qui auraient agressé sexuellement des femmes autochtones a suscité une réaction prudente de la part de politiciens québécois cette semaine.

Les policiers provinciaux ont commencé à arborer ces insignes, sur lesquels est inscrit le numéro de poste 144, il y a près de deux ans afin de manifester leur soutien au détachement de Val-d’Or après la suspension de huit policiers visés par des allégations d’agression sexuelle sur des femmes issues des Premières Nations.

L’insigne est perçu comme une forme d’intimidation par les chefs autochtones, qui se disent déçus que les politiciens n’aient pas réclamé plus énergiquement la fin de cette pratique.

«Je pense que les policiers impliqués devraient les enlever, c’est aussi simple que ça, martèle Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador. C’est totalement inapproprié, c’est inacceptable et irrespectueux. C’est comme ça que je le vois.»

La réponse la plus ferme est venue du chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, qui estime que les personnes en position d’autorité devraient faire preuve de réserve.

«Je demande aux agents de police d’ici et d’ailleurs: n’affichez pas vos convictions, a déclaré le chef péquiste. Vous êtes payés pour faire respecter la loi et représenter l’État.»

Le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, a pour sa part pesé ses mots, expliquant aux journalistes qu’il s’opposait personnellement aux insignes rouges, mais qu’il laisserait ce dossier entre les mains des dirigeants du corps policier.

M. Couillard a dit se ranger derrière la femme qui s’est manifestée courageusement dans cette «affaire délicate et douloureuse».

«Je ne crois pas que l’uniforme policier soit le bon moyen d’exprimer cette solidarité», a-t-il affirmé.

De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a refusé de se prononcer sur les insignes, mais a plaidé pour une amélioration des relations avec les communautés autochtones.

Ghislain Picard juge inacceptable que des politiciens laissent la police se charger de cette affaire. Il a souligné le caractère provocateur des insignes, surtout compte tenu de la méfiance suscitée par les allégations contre les policiers de Val-d’Or.

«Si les gens veulent investir leur énergie et leurs efforts pour chercher des moyens de créer un sentiment de confiance et de sécurité, cet élément (l’insigne) ne les aide pas», a-t-il fait valoir.

Le corps policier et le syndicat représentant ses agents ont refusé, vendredi, de commenter la situation. À la suite d’une enquête externe, aucune accusation n’a été portée contre les policiers visés par les allégations.

En juin dernier, Paul Charbonneau, de la SQ, avait déclaré devant l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées que le corps policier préférait persuader les policiers de retirer leur insigne plutôt que de les forcer à le faire. Selon un reportage de Radio-Canada, il avait alors reconnu que l’insigne pouvait «traumatiser» les femmes autochtones confrontées à un agent qui l’arbore.

Les responsables du détachement de Val-d’Or doivent témoigner mardi devant une enquête provinciale qui a également été saisie des plaintes à propos des insignes.

La commission Viens a été créée en décembre 2016 avec le mandat d’examiner le traitement réservé aux Premières Nations par la police, la Protection de la jeunesse, le ministère de la Santé et les systèmes judiciaire et correctionnel.

Ce n’est pas la première fois que des policiers québécois modifient leur uniforme en guise de protestation. Les agents du Service de police de la Ville de Montréal ont porté des pantalons de camouflage colorés de 2014 à 2017 pour s’opposer à la réforme de leur régime de retraite.

 

 

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