Des visages longs dans le clan libéral à Montréal

Les visages étaient longs dans le clan libéral, lundi soir, alors que la formation de Philippe Couillard a perdu le pouvoir aux mains de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui formera un gouvernement majoritaire.

Réunis au New City Gas, à Montréal, plusieurs candidats élus sous la bannière du Parti libéral du Québec (PLQ) ont toutefois promis une opposition «forte» et «constructive» à la CAQ.

Depuis Saint-Félicien, où il passait la soirée électorale avec ses proches, le chef libéral Philippe Couillard, qui a été réélu dans Roberval, a dit vouloir prendre le temps d’opérer une réflexion sérieuse quant à son avenir personnel.

«Pour réduire autant que possible l’impact que ça aura, je m’engage à ce que cette réflexion soit très courte, de quelques jours seulement», a certifié le premier ministre sortant, visiblement bouleversé par la défaite de son parti.

À ses dires, les Québécois ont clairement indiqué une volonté de changement, «ce pour quoi il faut respecter l’issue du vote». «Je ne suis pas amer. Je vous demande de ne pas l’être. Je suis fier, et vous pouvez l’être aussi», a-t-il lancé, s’adressant directement à ses militants.

«Ç’a été le plus grand honneur professionnel de ma carrière que de servir le Québec. J’ai rempli mon mandat au meilleur de mes compétences, et je le termine la tête haute», a-t-il renchéri.

Citant les progrès «remarquables» rendus possibles par son équipe, Philippe Couillard a souligné que la province «paie 1G$ de moins en intérêts aux banques étrangères» grâce à son parti politique. «Ce sont des sommes qu’on peut réinvestir dans nos écoles et en santé maintenant, a-t-il lancé. Nos finances sont saines et solides, pour longtemps. On a des marges et des moyens, et c’est tant mieux.»

Les députés montréalais demeurent confiants
À plusieurs reprises, il a été chaudement applaudi par les militants réunis au New City Gas, qui regardaient tous attentivement son discours sur un grand écran. En fin de discours, il s’est adressé à François Legault, lui demandant de «poursuivre l’élan» et le legs que son gouvernement a laissé au cours des quatre dernières années.

Christine St-Pierre, élue dans Acadie, a promis une opposition «forte», en félicitant au passage François Legault et ses troupes pour une campagne couronnée de succès, malgré des différences d’opinions.

«La maison est en ordre. Les finances publiques sont excellentes, le budget équilibré, la dette diminuée.» -Christine St-Pierre, députée libérale élue dans Acadie

Quelques minutes après son élection dans Saint-Laurent, la fiscaliste Marwah Rizqy est débarquée au rassemblement sous un tonnerre d’applaudissements. Elle a dit vouloir faire de la politique «pour le long terme», malgré la défaite libérale.

«Je vais me battre contre l’évasion fiscale, les changements climatiques [et] je vais m’assurer qu’il y ait de la justice sociale pour tout le monde», a-t-elle ajouté.

«S’il y a un parti qui est capable de se reconstruire, c’est le Parti libéral.» -Marwah Rizqy, députée élue dans Saint-Laurent

Lui aussi élu chez les libéraux, le député Pierre Arcand est arrivé le troisième au rassemblement montréalais du PLQ. Il a affirmé que «l’insécurité face à l’immigration ainsi que la volonté de changement des Québécois» pourraient être des facteurs expliquant la défaite libérale.

«On va se battre pour que la situation financière du Québec continue d’être excellente.» -Pierre Arcand, député élu dans Mont-Royal–Outremont

Élue dans Saint-Henri–Sainte-Anne, Dominique Anglade a pour sa part promis un mandat libéral «constructif» dans les prochaines années. Elle a dit vouloir «se serrer les coudes» à l’interne, au nom de ce parti «qui a 150 ans d’histoire et qui ne s’arrêtera pas là».

«Je tiens à remercier Philippe Couillard pour ses années de service à titre de premier ministre.» -Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Soirée cruciale
Il faut dire que la journée était spécialement cruciale pour Philippe Couillard qui devait faire mentir les pronostics, à l’image des élections de 2014. Or, le premier ministre sortant est devenu le seul leader libéral élu à n’avoir fait qu’un seul mandat depuis le règne d’Adélard Godbout.

Au cours de la campagne, le PLQ avait souvent réitéré sa volonté de conserver le statu quo sur les seuils d’immigration, s’opposant ainsi à la réduction souhaitée par les caquistes. Les libéraux se sont aussi engagés à développer plusieurs projets structurants dans la métropole, à aller de l’avant avec le Réseau express métropolitain (REM) et à collaborer avec l’administration Plante en vue de l’implantation de la ligne rose.

Au Collège Montmorency de Laval, le chef Philippe Couillard avait aussi promis la gratuité des transports publics pour les étudiants à temps plein et les personnes âgées de 65 ans et plus. Une mesure qui aurait coûté 200 M$ dès un premier mandat.

En rafale, parmi ses promesses phares, le PLQ s’était aussi engagé à instaurer : un crédit d’impôt pour la rénovation pour les familles accueillant un proche aîné, l’accès à Internet haute vitesse et au réseau cellulaire partout au Québec, 1500 nouvelles places en CHSLD, un montant annuel de 150$ à 300$ par enfant pour chaque famille, l’ouverture de 25 supercliniques supplémentaire ou encore la bonification des services de francisation en entreprise.

En éducation, le parti avait aussi promis un investissement substantiel de 3 G$ dans le réseau de l’éducation sur quatre ans, ainsi qu’une somme de 400M $ de plus par année sur 10 ans pour la rénovation des établissements scolaires. Autant d’engagements qui ne seront pas en vain, a promis le chef libéral dans son discours.

[EN RAFALE] Des candidats libéraux au pouvoir, d’autres défaits

• Le candidat libéral dans Jacques-Cartier, Gregory Kelley, n’a eu besoin que de quelques minutes pour confirmer son élection.
• Le libéral Pierre Arcand a aussi été élu dans Mont-Royal–Outremont.
• Jennifer Maccarone a quant à elle remporté la faveur des électeurs de Westmount-Saint-Louis, alors que la fiscaliste Marwah Rizqy fera son entrée à l’Assemblée nationale comme députée de Sainte-Laurent.
• La ministre sortante de l’Enseignement supérieur, Hélène David, a gagné les suffrages dans Marguerite-Bourgeoys alors que son collègue ministre des Transports, André Fortin, a aussi été élu rapidement dans Pontiac.
• Enrico Ciccone, qui succédait à François Ouimet (évincé par le parti plus tôt pendant la campagne), a lui aussi été élu dans Marquette. Idem pour Filomena Rotiroti dans Jeanne-Mance-Viger.
• Philippe Couillard a été élu dans Roberval.
• Le ministre sortant des Finances, Carlos Leitao, est également élu dans Robert-Baldwin, tandis que le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, l’emporte dans La Pinière.
• Isabelle Melançon a déjà conquis Verdun, tandis que Christine St-Pierre conserve son siège dans Acadie.
• Dominique Anglade a été élue dans Saint-Henri-Sainte-Anne.
• Nicole Ménard a remporté son pari dans Laporte.
• Lise Thériault remporte l’élection dans Anjou-Louis-Riel.
• Marie Montpetit est élue dans Maurice-Richard.
• Sébastien Proulx est élu dans Jean-Talon.
• Francine Charbonneau l’emporte dans Mille-Îles.
• La candidate pressentie pour être ministre de la Santé, Gertrude Bourdon, a été défaite dans Jean-Lesage par le solidaire Sol Zanetti.
• Lucie Charlebois est aussi défaite dans Soulanges.
• Jean D’Amours est défait dans Rivière-du-loup-Témiscouata.
• Luc Fortin est défait dans Sherbrooke.
• Pierre Moreau est défait dans Châteauguay.
• Luc Blanchette est défait Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
• Stéphane Billette est défait dans Huntingdon.