L’opposition aux compteurs intelligents plus forte que prévu
Plus de 70 000 clients d’Hydro-Québec refusent d’avoir un compteur intelligent et ont décidé de garder un compteur qui n’émet pas de radiofréquence, malgré les frais financiers, d’après les données de la société d’État.
Pas moins de 3,9 millions de compteurs intelligents ont été installés depuis 2013. Toutefois, 1,8% des clients d’Hydro-Québec ont préféré garder un compteur non communicant, alors qu’au début de la phase d’implantation, Hydro-Québec tablait sur un taux de refus de 1%. En tout, cela représente 72 000 foyers québécois.
Ceux-ci doivent alors payer 85$ pour l’installation d’un compteur non communicant quand leur compteur atteint sa date de péremption, auxquels s’ajouteront des frais de relève de 2,50$ par mois. Les compteurs non communicants, contrairement aux compteurs intelligents, ne peuvent en effet pas transmettre de l’information à distance.
C’est d’ailleurs entre autres pour cette raison que certaines personnes refusent de voir installer un compteur intelligent chez elles: la crainte des radiofréquences sur leur santé. D’autres invoquent des raisons de sécurité (risques d’incendie) ou le respect de la vie privée. Le gouvernement du Québec a de son côté créé une page web pour rassurer la population. Hydro-Québec affirme En outre que ses compteurs sont sécuritaires et que des mesures sont prises pour crypter les informations.
Plusieurs de ces clients récalcitrants affirment néanmoins subir une pression indue de la part d’Hydro-Québec. C’est le cas de Denise Babin. «Les gens se font couper leur électricité, avec ou sans avis d’interruption formel et ils sont menacés de pénalités alors qu’ils cherchent juste à être rassurés», s’indigne Mme Babin. Elle précise que plusieurs clients, comme elle, sont «épuisés et inquiets» face aux menaces de coupures de courant et de poursuites faites par les avocats mandatés par Hydro-Québec et qu’ils finissent par plier. Hydro-Québec se défend d’agir sans avis préalable.
Cette année, la société d’État indique avoir envoyé 150 lettres d’avis d’interruption de service et avoir coupé le courant à 51 clients, dont neuf sont toujours sans électricité. «Par contre, vous devez comprendre que l’interruption est une action de dernier recours, si aucune des options proposées par Hydro-Québec n’est choisie par le client», précise Serge Tsoto, un porte-parole de la société d’État.
Chaque compteur porte une date apposée par Mesures Canada. Dans le cas de Mme Babin, la date inscrit sur son compteur est le 31 décembre 2018. Selon les normes canadiennes, elle doit donc le faire remplacer, mais cette dernière affirme que l’inspection par un électricien certifié permettrait de requalifier le produit pour une certaine période. Et surtout, elle précise qu’en mai 2014, Hydro-Québec avait fait installer en son absence et sans son consentement un compteur intelligent à l’intérieur de sa maison (Il y a deux compteurs dans le duplex montréalais où elle habite avec son fils).
Hydro-Québec répond qu’«un avis de non-consentement n’a pas de valeur légale et n’a pas pour effet de remplacer les règles liées à l’option de retrait», précise M. Tsoto. Il ajoute «que le compteur est la propriété d’Hydro-Québec et que les conditions de services stipulent que le client doit donner accès à notre compteur. Il n’est donc, pas ici question d’avoir le consentement du client pour le remplacement du compteur, mais bien qu’il nous fasse connaître son choix du type de compteur qu’il désire [compteur communiquant ou non communiquant dans le cadre du mécanisme de l’option de retrait].
Malgré les demandes de Mme Babin, le compteur intelligent n’a donc pas été retiré. Elle a finalement porté plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Un recours collectif est aussi en cours de préparation, selon elle, pour dénoncer les agissements d’Hydro-Québec.
Les compteurs intelligents ont jusqu’ici permis d’économiser 80M$ en frais de relève annuellement, fait savoir Hydro-Québec. Ils permettent aussi de faciliter la détection de pannes et d’équilibrer les approvisionnements en temps réels, selon les besoins des régions.
AJOUT: Mercredi 24 octobre, Marie-Reine Calouche qui pilotait le mouvement Refusons les compteur a finalement vu son électricité coupée. Elle demandait depuis plusieurs années qu’Hydro-Québec lui fournisse une lettre certifiant que les compteurs intelligents étaient sans danger.