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Diminuer les ordures de moitié, un engagement insuffisant, croit Greenpeace

Photo: PAUL SANCYA / The Associated Press

OTTAWA — L’organisme Greenpeace juge insuffisante la cible des ministres canadiens de l’Environnement qui se sont engagés vendredi à diminuer de moitié leurs ordures d’ici 2040.

Dans un communiqué diffusé vendredi en fin de soirée, Greenpeace Canada estime que cet objectif «ne reflète pas l’urgence de la situation» et «rate la cible».

La ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, s’est entretenue au téléphone avec ses homologues des provinces, vendredi.

Au terme de cette conversation de deux heures, les ministres se sont entendus pour réduire de 30 pour cent leurs déchets d’ici 2030.

D’ici 2030, ils veulent réduire de 30 pour cent la quantité totale de déchets rejetés par le Canada. D’ici 2040, ils veulent réduire la quantité de moitié.

Et dans le cadre d’une stratégie nationale visant à réduire la pollution par le plastique, Ottawa et les provinces ont convenu à l’unanimité de travailler sur un plan visant à interdire au Canada de produire du plastique non recyclé.

Une grande partie des déchets que les Canadiens envoient aux sites d’enfouissement et aux incinérateurs, après le recyclage, le compostage et toutes les autres formes de détournement, sont en plastique.

«La pollution par les plastiques, comme nous le savons tous, représente un défi majeur pour la santé de nos océans, de nos lacs et de nos rivières», a déclaré la ministre McKenna, aux journalistes.

La réunion était censée se dérouler en personne, à Ottawa, mais les plans ont été changés pour que ce soit une vidéoconférence, puis une conférence téléphonique. Les responsables fédéraux ont expliqué que des conflits d’horaire avaient empêché certains ministres de se rendre en personne. En coulisses, la tension entre Ottawa et certaines provinces sur la tarification du carbone aurait été un facteur.

Mme McKenna a déclaré que la réunion était axée sur les matières plastiques et non sur le changement climatique. Elle s’est dite satisfaite que les ministres puissent mettre de côté leurs différences pour trouver un accord sur un autre sujet.

«J’étais vraiment ravie de voir aujourd’hui que les provinces, même s’il y a peut-être d’autres domaines dans lesquels nous ne sommes pas nécessairement d’accord, ont pu convenir que le plastique est un problème énorme», a-t-elle déclaré.

Le Canada tente d’être un chef de file dans la réduction de la dépendance au plastique. Lors du dernier sommet des dirigeants du G7, il a convaincu cinq des sept plus grandes économies développées du monde à signer une charte du plastique, s’engageant à ce que d’ici 2040, tout le plastique produit dans ces pays soit réutilisé, recyclé ou brûlé pour produire de l’énergie. Les États-Unis et le Japon n’avaient pas accepté de signer.

La prolifération des emballages en plastique à usage unique, tels que les bouteilles d’eau, les pailles et les emballages alimentaires, contribue à envoyer d’énormes quantités de plastique aux sites d’enfouissement. D’autres dérivent dans les voies navigables et la mer. Des récifs géants de plastique apparaissent dans les océans et les poissons et les mammifères marins mangent des objets en plastique pensant qu’ils sont un aliment.

Plus tôt cette semaine, un cachalot qui s’est échoué en Indonésie avait six kilogrammes de déchets en plastique dans son estomac, dont 115 gobelets en plastique, un sac d’épicerie en plastique rempli de ficelle et deux gougounes. On ignore toutefois de quoi est morte la baleine.

Le Canada doit faire plus

L’absence de gestion appropriée des déchets dans les pays en développement explique en grande partie le plastique qui se retrouve dans les océans, mais les Canadiens ne recyclent pas beaucoup, en dépit des systèmes de collecte sélective dans la plupart des villes. Environ 10 pour cent seulement du plastique acheté par les Canadiens est recyclé.

En 2014, le Canadien moyen avait jeté 706 kilogrammes de déchets.

Une stratégie nationale finale en matière de plastique est toujours en préparation, mais les ministres ont convenu d’exiger que les produits en plastique vendus ici soient plus faciles à réutiliser ou à recycler, et d’introduire des systèmes de responsabilité du producteur pour que les entreprises qui vendent des produits emballés dans du plastique s’assurent qu’ils soient recyclables.

Mme McKenna a indiqué que le Canada se situait légèrement au-dessus de la moyenne en matière de recyclage, mais que cela était loin d’être suffisant.

«La réalité est que nous avons une tonne de travail à faire», a-t-elle soutenu.

Les groupes environnementaux insatisfaits

Greenpeace croit aussi qu’il reste beaucoup de travail à faire, mais selon l’organisme, l’approche prônée par le gouvernement fédéral ne suffit pas.

«L’ampleur et le volume de la production de plastique, qui devrait quadrupler d’ici 2050, montrent clairement que nous ne résoudrons pas cette crise par des efforts de recyclage, des accords volontaires ou en augmentant la part de plastique recyclé dans la composition des emballages plastiques à usage unique», a déploré Sarah King, responsable de la campagne Océans et Plastique pour Greenpeace Canada.

«La ministre McKenna est restée silencieuse sur le rôle important qu’ont les interdictions sur la réduction des déchets plastiques. Nous constatons qu’un nombre croissant de juridictions, dans le cadre d’une stratégie de réduction plus large, utilisent des interdictions pour réduire la production et la consommation de certains des produits en plastique, notamment les plastiques non nécessaires et problématiques.»

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