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Le Canada reçoit trop d’immigrants, jugent les électeurs conservateurs

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne

OTTAWA — Plus des deux tiers des électeurs qui ont l’intention de voter pour le Parti conservateur jugent que le Canada reçoit trop d’immigrants — une donnée qui porte à croire que l’immigration occupera une place importante dans la prochaine campagne électorale fédérale.

Les résultats contenus dans un coup de sonde de la firme Léger témoignent d’une division à ce chapitre: les participants qui comptent voter conservateur sont 68% à penser qu’il y a trop de nouveaux arrivants, contre 27% pour ceux qui ont une préférence libérale.

Toutes allégeances confondues, ils sont 45% à être de cet avis. Mais la plus large part des répondants, soit 49%, sont plutôt favorables à l’immigration: le Canada en accueille trop peu (9%) ou juste assez (40%), croient-ils.

Cette polarisation laisse présager que la prochaine campagne fédérale pourrait ressembler à celle qui s’est jouée au Québec, où le thème de l’immigration a été prépondérant, d’après Christian Bourque, vice-président exécutif de la firme de sondage.

«Autant ça a été un enjeu dans l’élection provinciale au Québec, autant ça va devenir un enjeu plus important qu’on l’a vu dans les dernières élections, parce que la situation américaine a changé entre l’élection de 2015 et aujourd’hui», analyse-t-il en entrevue téléphonique.

«Il commence à y avoir une certaine inquiétude quant à notre capacité d’accueil comme pays, et c’est ce qui fait que les gens sont divisés. (…) Ça a un impact chez certains électeurs qui vont plutôt se tourner vers les conservateurs», note M. Bourque au téléphone.

L’enjeu préoccupe aussi l’électorat de Maxime Bernier: 57% des électeurs du Parti populaire estiment que le Canada reçoit trop d’immigrants, selon ce qui se dégage des résultats, bien que l’échantillonnage soit trop petit pour conclure à une tendance lourde.

Le député de Beauce, qui a dénoncé le «multiculturalisme à l’extrême» que prônent selon lui les libéraux de Justin Trudeau en claquant la porte du Parti conservateur, y voit une validation de ses propositions, notamment celle de «faire une pause» dans l’accueil des nouveaux immigrants.

«Les gens (…) veulent avoir une position claire sur l’immigration avec un chiffre clair, 250 000 nouveaux Canadiens par année, comme on avait sous le gouvernement Harper, et non pas 350 000, ce qu’on va avoir dans deux ans», a-t-il argué en entrevue à La Presse canadienne.

Le NPD en difficulté
L’enquête obtenue par La Presse canadienne, non probabiliste, a été menée en ligne du 16 au 20 novembre auprès de 1521 Canadiens âgés de 18 ans et plus. Un échantillon probabiliste de cette taille comporterait une marge d’erreur de 2,5%, 19 fois sur 20, selon Léger.

Ses résultats font état d’un glissement des appuis au Nouveau Parti démocratique (NPD). Après répartition des indécis, les libéraux dominent avec 39% des intentions de vote. Les conservateurs suivent avec 33%, tandis que le NPD se contente de 14%.

Cette chute est de mauvais augure pour le parti en prévision du scrutin d’octobre 2019.

«Auparavant, le NPD faisait quand même relativement bien, ce qui faisait qu’on se retrouvait souvent pratiquement avec une égalité statistique entre libéraux et conservateurs. Plus on voit la performance faiblir, plus ça redonne une avance une avance au PLC», explique M. Bourque.

Léger recul du PLC au Québec
On constate, dans le sondage Léger, un léger repli des libéraux au Québec — bien qu’avec 37% des intentions de vote, les troupes de Justin Trudeau détiennent toujours une bonne avance sur celles d’Andrew Scheer, qui en recueillent 23%.

«On les a rarement vus en bas du 40%», commente le vice-président exécutif chez Léger. Le score conservateur, lui, est «embêtant», car «à 20%, ils n’ont pas plus que cinq à 10 sièges, et à 25%, là ils sont dans le potentiel d’avoir 20 sièges», dit-il.

Le Bloc québécois arrive en troisième position au Québec avec 16% des intentions de vote, suivi par le NPD, qui en recueille 15%. C’est Maxime Bernier qui ferme la marche, avec un score de 4% d’appuis sa province natale — autant qu’à l’échelle nationale.

L’échantillon du sondage n’est pas assez grand pour déterminer si le Parti populaire pourrait faire élire un député au Québec, mais «à 4%, statistiquement, il n’aurait pas de siège», soutient Christian Bourque.

Le chef autoproclamé populaire devra commencer par s’assurer de conserver son siège; son ancien parti travaillera activement à le déloger en octobre 2019.

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