Les crimes haineux en forte hausse en 2017 au pays
OTTAWA — Le nombre de crimes motivés par la haine déclarés à la police a fortement augmenté en 2017 au pays, selon Statistique Canada, et ce sont les incidents ciblant les Noirs, les juifs et les musulmans qui ont été à l’origine de la majeure partie de cette hausse.
Cette tendance à la hausse est principalement attribuable à l’augmentation du nombre de crimes haineux déclarés en Ontario et au Québec, note Statistique Canada.
Après avoir connu des hausses constantes mais faibles depuis 2014, le nombre de crimes haineux s’est nettement accru — de 47 pour cent — en 2017, indique l’agence fédérale. Cette forte hausse est surtout attribuable à l’augmentation du nombre de crimes haineux contre les biens, tels que les graffitis et le vandalisme, précise Statistique Canada.
Au total, la police a signalé 2073 crimes motivés par la haine en 2017, soit 664 de plus qu’en 2016. Statistique Canada affirme qu’il s’agit d’un record depuis que des données comparables sont accessibles, en 2009. Mais l’agence précise que cette augmentation peut s’expliquer par une hausse du nombre de signalements, «par exemple en raison d’efforts de sensibilisation communautaire de la part de la police, ou d’une prise de conscience accrue après des événements très médiatisés».
L’agence note par ailleurs une baisse des crimes haineux violents en 2017 — 38 pour cent, comparativement à 44 pour cent en 2016. Les «crimes haineux sans violence» comprennent des infractions comme le méfait ou l’incitation publique à la haine.
Statistique Canada indique d’autre part que 16 pour cent de tous les crimes motivés par la haine au Canada en 2017 visaient les personnes noires, qui demeurent les cibles les plus courantes des crimes motivés par la haine liée à une origine ethnique.
Par ailleurs, les crimes motivés par la haine d’une religion ont augmenté de 83 pour cent en 2017, et représentaient 41 pour cent de tous les crimes haineux au Canada. Les incidents impliquant des musulmans ont plus que doublé entre 2016 et 2017, un an après que la police a signalé une diminution des crimes motivés par la haine visant cette population. Les crimes haineux visant les juifs ont pour leur part augmenté pour la deuxième année consécutive au pays.
Les «crimes haineux déclarés par la police» désignent toutes les affaires criminelles dont une enquête policière permet de déterminer qu’elles ont été motivées «par la haine envers un groupe identifiable». Le crime a pu être perpétré contre une personne ou un bien.
L’Ontario et le Québec
Parmi les provinces, l’augmentation globale la plus marquée du nombre de crimes haineux déclarés par la police a été observée en Ontario, par ailleurs la province la plus populeuse du Canada, qui affiche tout de même une hausse de 67 pour cent. Cette croissance est en grande partie liée à l’augmentation du nombre de crimes motivés par la haine à l’égard des musulmans (+207 pour cent), des Noirs (+84) et des juifs (+41), précise l’agence fédérale.
Le nombre de crimes haineux déclarés a également augmenté au Québec, où il est passé de 327 à 489, une hausse de 50 pour cent. Selon Statistique Canada, cette hausse est attribuable aux crimes contre les musulmans, qui ont presque triplé, passant de 41 en 2016 à 117 en 2017.
«En février, le mois suivant la fusillade au Centre culturel islamique de Québec, le nombre déclaré de crimes haineux contre les musulmans a atteint un sommet, représentant 26 pour cent des affaires ciblant les musulmans déclarées pour l’année au Québec», indique l’agence.
Une hausse du nombre de crimes haineux a aussi été constatée en Alberta et en Colombie-Britannique, mais la situation est demeurée relativement stable dans la région de l’Atlantique, avec deux cas de plus qu’en 2016, pour un total de 46 signalements.
Les crimes motivés par la haine d’une orientation sexuelle représentaient 10 pour cent des crimes haineux déclarés par la police en 2017, note par ailleurs Statistique Canada. Ce nombre a augmenté pour la deuxième année consécutive, passant de 176 crimes déclarés en 2016 à 204 en 2017; 114 de ces crimes ont été déclarés en Ontario et 42 au Québec. «La variation observée à l’échelle nationale s’explique surtout par la hausse du nombre d’affaires survenues en Ontario (+38) et au Québec (+15)», précise l’agence.