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David Saint-Jacques: grande fierté, dit Payette

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — À 6 h 31, lundi, heure de Montréal, la fusée Soyouz de David Saint-Jacques s’élancera du cosmodome de Baïkonour, dans la steppe du Kazakhstan. Les membres de sa famille proche seront évidemment sur les lieux pour regarder le vaisseau prendre son envol, mais il y aura aussi une membre de sa famille «élargie», celle de la confrérie des astronautes: Julie Payette.

«Un Canadien qui part dans l’espace, ça n’arrive pas très souvent; je suis extrêmement fière! J’y serais allée de toute façon, mais maintenant, non seulement j’y vais comme amie et collègue de David, j’y vais comme gouverneure générale», s’enthousiasme-t-elle en entrevue avec La Presse canadienne depuis Whitehorse, au Yukon.

«David est exceptionnel, et il a absolument tous les talents, mais en plus, le fait qu’on lance sa capsule Soyouz maintenant, avant la date prévue, à cause de la difficulté survenue lors du dernier lancement, cela démontre à quel point tout le monde a une confiance complète dans l’équipage qui part», explique-t-elle.

«Moi, en tout cas, j’ai juste hâte de le voir là-haut, ça fait des années qu’il travaille, et il le mérite entièrement», ajoute Mme Payette.

Mais avant, il y aura le décompte, la lueur, le vrombissement. «Ça « shake », comme on dit! C’est très puissant, une fusée qui s’extirpe de la gravité terrestre, et ça, c’est très impressionnant pour un spectateur. En fait, c’est extrêmement émouvant quand on sait qu’il y a des gens à bord», note-t-elle.

Elle se souvient cependant que «pour les astronautes, le moment le plus crucial, c’est lorsqu’on a commencé à aller plus haut, plus vite, plus loin», car «plus on est proche de la Terre, plus il y a des zones critiques». Lorsqu’enfin «entend la confirmation que les moteurs ont été fermés et qu’on est arrivés dans l’espace, huit minutes et demie après le décollage, là, on respire vraiment», se remémore-t-elle.

David Saint-Jacques s’installera pour six ou sept mois environ dans une Station spatiale internationale (SSI) qui en était à ses balbutiements à l’époque où Julie Payette portait une combinaison spatiale plutôt ses habits de gouverneure générale: en 1999, elle a été la première Canadienne à participer à une mission de construction à monter à bord de ce laboratoire orbital.

Aujourd’hui, elle trouve «fantastique» qu’on habite «en permanence autour de la Terre dans une station spatiale depuis 18 ans», dans une station que «des gens qui, il y a 75 ans, s’entretuaient littéralement sur des champs de bataille, ont contribué à bâtir ensemble, pour l’avancement des connaissances, pour le bien de l’humanité».

Il s’agit d’une référence au fait que le Canada, les États-Unis, la Russie et l’Allemagne, entre autres, font partie intégrante de ce projet commun alors qu’ils étaient dans des camps opposés pendant la Deuxième Guerre mondiale.

La gouverneure générale ne dit pas explicitement si elle a offert des conseils à David Saint-Jacques en prévision de sa mission. Elle rit lorsqu’on lui pose la question. «Vous savez, la confrérie des astronautes, c’est une petite famille. Nous sommes très peu au Canada, ça se compte sur les doigts de deux mains», se contente-t-elle d’offrir.

Mais selon l’astronaute qui s’envole lundi, Julie Payette n’a jamais été avare de conseils.

«Quand j’ai commencé comme astronaute, elle était encore là. J’ai eu la chance de l’avoir comme collègue. Nous sommes devenus amis, et elle a été extrêmement généreuse de ses conseils. Tout le monde qui était là l’a été, mais Julie en particulier, tant pour que pour mon épouse», confiait David Saint-Jacques à la mi-août.

Pas de «sequel» à «Space Oddity»

Pendant cet entretien, qu’il accordait en marge de son entraînement au centre Youri-Gagarine, au nord-est de Moscou, il a aussi chanté les louanges d’un autre membre du club sélect des explorateurs spatiaux canadiens: Chris Hadfield, qui avait généré un véritable «buzz» en poussant la chanson à bord de la SSI.

Sa vidéo de «Space Oddity», mythique chanson de David Bowie, a été vue plus de 41 millions de fois à ce jour.

Il n’y aura pas de rappel. «Faire un sequel? Ce n’est pas dans les plans», a lancé David Saint-Jacques en riant. Mais de façon plus générale — et non seulement sur le plan musical —, Chris Hadfield laisse tout de même «des grosses chaussures à enfiler», même si l’important, c’est «d’être soi-même» a-t-il suggéré.

«Je pense que ce qui a fait l’immense succès de la mission de Chris, c’est que tout le monde s’est senti bienvenu à bord. Tout le monde a senti que c’était notre station, à tout le monde, et c’était fait sans prétention. Il était lui-même. Je pense qu’ultimement, c’est ça qui intéresse les gens. C’est l’expérience humaine», a argué l’astronaute Saint-Jacques.

Noël en famille… d’astronautes

Ce qui lui manquera le plus là-haut, à 400 km d’altitude, ce sera évidemment son épouse et ses trois enfants âgés de sept, cinq et deux ans. «Les enfants sont assez petits. Mon plus vieux comprend ce qui s’en vient. C’est encore abstrait, mais il commence à comprendre», exposait-il cet été en Russie.

Le temps des Fêtes sera donc assez particulier cette année. Mais il ne sera pas ennuyeux pour autant, a insisté David Saint-Jacques. «Je vais être avec ma famille d’astronautes! On est très, très proches, l’équipage (…) On va être vraiment une gang très, très proche. Ça va être une bonne atmosphère. Ce ne sera pas un Noël triste!»

Et en cas de coup de cafard, l’astronaute aura avec lui des objets susceptibles de lui rappeler les siens.

«On a une petite boîte grosse comme une boîte de chaussures qu’on a avec nous dans la Soyouz. Ça, c’est pour des objets irremplaçables, des objets que j’apporte et que je vais ramener avec moi plus tard, comme mon alliance, un collier. Ce sont surtout des objets qui me rappellent très fortement quelqu’un ou un endroit», a-t-il raconté alors que le jour J était encore bien loin.

Il est bientôt arrivé, et dimanche, à quelques heures du décollage, David Saint-Jacques a reçu un appel de Justin Trudeau.

«Le premier ministre a souligné toute la fierté que les Canadiens ressentent, de même que leur soutien dans sa mission», a relaté son bureau dans une déclaration transmise à La Presse canadienne.

«Le premier ministre a également souligné à quel point il est un exemple remarquable pour la jeunesse. Ils ont aussi échangé sur la source de fierté que le Canada soit l’un des pays à l’avant-plan en matière d’exploration spatiale», a-t-on complété.

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