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Les médicaments menacent la qualité de l’eau

Photo: Métro

La surconsommation de médicaments menace de plus en plus la santé de nos cours d’eau selon des recherches récentes de la Fondation David Suzuki.

«Les stations d’épuration des eaux ne sont pas conçues pour traiter les molécules actives des médicaments. Donc plus souvent qu’autrement, elles se retrouvent dans les cours d’eau», soutient le professeur de chimie et membre du cercle scientifique de la Fondation David Suzuki, Sébastien Sauvé.

Le chimiste montre dans ses recherches que les stations d’épuration parviennent à éliminer seulement de 0 à 30 % des antibiotiques et des antidépresseurs présents dans les eaux usées. Ces concentrations de médicaments, éliminées par l’homme dans son urine et dans ses selles, proviennent presque entièrement de la consommation domestique.

Ainsi, près d’une tonne de molécules actives d’antibiotiques sont rejetées chaque année dans le fleuve Saint-Laurent à Montréal. Certains poissons et micro-organismes développent une résistance aux antibiotiques, alors que les plus faibles en meurent.

Des recherches menées sur les populations de truite ont également montré que les antidépresseurs – consommés chaque jour par près de 20 % de la population, d’après M. Sauvé – peuvent se loger dans le foie et le cerveau des poissons. Ils entraînent notamment une baisse significative de leur activité cérébrale.

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«D’autres substances ne tuent pas le poisson, mais elles féminisent la génération suivante», constate le scientifique. C’est le cas des perturbateurs endocriniens, principalement des hormones provenant des anovulants ou des thérapies de remplacement hormonales pour la ménopause, qui perturbent le système reproducteur des poissons et en modifient parfois le sexe.

Hormis pour quelques molécules, les recherches effectuées n’ont trouvé que des concentrations résiduelles de médicaments dans l’eau que nous buvons chaque jour. «L’eau potable possède une toxicité très faible, rassure M. Sauvé. Ça ne devrait pas être ce qui nous cause le plus de soucis». En buvant 2 litre d’eau potable quotidiennement pendant 70 ans, une personne ne s’exposerait qu’à une fraction de la dose quotidienne recommandée pour les médicaments les plus répandus, illustre le chimiste.

Ce dernier rappelle toutefois qu’un grand travail d’analyse reste à faire sur les risques potentiels de la présence de médicaments dans l’eau sur la santé humaine, une analyse qui pourrait survenir un peu tard. «On va savoir dans 30 ans ce qu’on aurait dû faire aujourd’hui», regrette M. Sauvé.

D’ici là, il suggère entre autres de ramener ses médicaments à la pharmacie lorsqu’ils n’ont pas servi plutôt que de les jeter. M. Sauvé souhaiterait aussi que le médicament le plus vert soit systématiquement prescrit aux patients lorsque plusieurs traitements sont disponibles.

Ozonation
Le désinfection à l’ozone permettrait d’éliminer presque toute trace de médicaments dans les eaux usées.

  • Projetée depuis 2008 à Montréal, l’ozonation des eaux usées n’a pas encore vu le jour.
  • Le budget 2013 de la Ville consacrait cependant 26 M$ à la poursuite du projet.

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